Alors que la France sort d’une première canicule et que la saturation menace les urgences, la question climatique s’immisce dans tous les pans d’activité des hôpitaux, contraignant les établissements à agir au plus vite. Lors d’une table ronde du dernier congrès parisien de SantExpo, en mai, plusieurs experts ont listé les différents outils à la main des managers et des soignants.
Responsable de projet Développement durable en santé à l’Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap), Camille Devroedt a appelé à lier deux approches au cœur des enjeux climatiques en santé : l’adaptation pour limiter les conséquences du changement climatique et l’atténuation pour agir, dans une approche plus globale, sur les causes du réchauffement planétaire.
Un éventail d’outils
« Le déclic est la prise de conscience. Ce n’est qu’à cette condition qu’un travail collectif pourra être mené par une équipe projet ou par la direction » d’un établissement, souligne Sophie Midy, experte sur la transition écologique du secteur santé à l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Une fois ce constat écologique fait, les hôpitaux disposent de plusieurs outils pour mener à bien leur démarche écologique.
Parmi ceux-ci, on retrouve les ateliers de l’adaptation au changement climatique, un réseau national qui s’adresse aux entreprises comme aux particuliers et qui existe depuis cinq ans. Objectif : encourager les participants à concrétiser leur envie de se mettre au vert. Autre outil intéressant pour les hôpitaux : l’offre Diag adaptation de BPI France, qui aide à identifier les risques physiques liés au changement climatique ainsi que leur impact sur l’activité afin de construire un plan d’actions personnalisé.
L’Ademe propose elle aussi son propre outil. Il s’agit de la méthode « globale » dite ACT adaptation, qui vise à évaluer la qualité et l’exhaustivité de la stratégie d’adaptation des sociétés à l’aide de trois indicateurs : gouvernance et stratégie, risques climatiques physiques, et capacité et actions d'adaptation.
Sus à la clim’
Plus largement, Météo-France a lancé la solution Climadiag, qui permet aux hôpitaux d’avoir une vision globale des enjeux climatiques de leur commune selon plusieurs projections climatiques (météo, risques naturels, santé, agriculture, tourisme). Plus spécifique, la cartographie BAT-Adapt, élaborée par l’Observatoire de l’immobilier durable, en partenariat avec l’Ademe, analyse les risques climatiques bâtimentaires. « BAT-Adapt a intégré le risque argile, qui est un enjeu sensible pour les bâtiments pavillonnaires ou les cabinets de médecine de ville car leurs fondations sont souvent peu profondes, explique Sophie Midy, qui a par ailleurs enjoint aux établissements de retarder au maximum l’usage de la climatisation. Il faut anticiper, installer des casquettes pour isoler les vitrages par exemple, et ventiler. Côté ressources humaines, il est aussi possible de travailler en horaires décalés, notamment dans les métiers de la restauration ou de la blanchisserie. »
Les eaux issues des douches, lavabos ou éviers peuvent être utilisées pour le nettoyage extérieur ou les espaces verts
Mathilde Merlo, cheffe de bureau de la qualité des eaux à la Direction générale de la santé
Privilégier la « green dialyse »
Cheffe de bureau de la qualité des eaux à la Direction générale de la santé, Mathilde Merlo a pour sa part appelé à la sobriété : « Certains usages ne nécessitent pas d’eau potable. Les eaux grises, issues des douches, des lavabos ou des éviers peuvent par exemple être utilisées pour le nettoyage des surfaces extérieures ou l’arrosage des espaces verts après autorisation préfectorale. »
En écho, le Dr Romain Vial, néphrologue à l’hôpital de la Conception à Marseille (AP-HM), a présenté la « green dialyse ». Soucieux de réduire la consommation d’eau par séance, il a travaillé sur différentes pistes comme la modernisation des centrales de pré-traitement de l’eau avec l’objectif de limiter les rejets à 15-20 % (contre 30 à 40 % aujourd’hui), de recycler les 45 000 m3 d’eau (soit 18 piscines olympiques) que consomment les 38 000 dialyses réalisées par an dans son établissement ou encore de réduire le débit du dialysat de 500 ml/min à 400 ml/minute. « Nos collègues allemands ont baissé le débit à 350 ml sans qu’aucune conséquence négative soit observée, ce qui leur a permis d’économiser plus de 50 litres par séance de dialyse », a conclu le spécialiste.
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