Rarement l’Ordre des médecins a fait les frais d’une attaque aussi vive et marquée en provenance de ses ouailles.
Dans une tribune publiée sur le site internet du magazine « Le Point » le 18 juillet, plus de 150 médecins, scientifiques et citoyens remettent vertement en question la récente décision ordinale de sanctionner le Dr Damien Barraud, médecin réanimateur et bête noire du Pr Didier Raoult et des antivax, très régulièrement menacé par ces derniers pendant la crise sanitaire.
Parmi les signataires, on retrouve près de 80 médecins très actifs pendant la pandémie, généralistes, membres de l’association NoFakeMed engagés contre les pseudosciences, épidémiologistes et professeurs de médecine de premier plan : Agnès Buzyn, Karine Lacombe, Dominique Costagliola, Jérôme Mary, Pierre de Bremond d’Ars, Arnaud Chiche, Mathias Wargon, etc.
Résumé des faits. Le 13 juin, le Dr Barraud est sanctionné par la chambre disciplinaire de première instance de la région Grand Est. Le spécialiste de l’hôpital Metz-Thionville a écopé, à compter du 1er septembre 2025, de trois mois d'interdiction d'exercer, dont un mois ferme, pour « injures publiques ». Cette décision fait suite à au moins deux plaintes déposées par des membres de l'association BonSens, cofondée par la psychiatre et ancienne députée Martine Wonner ainsi que par des personnalités pro-Raoult, dont Jean-Yves Capo, farouche opposant à la politique vaccinale et à l’origine d’une des deux plaintes.
Appel du corps médical à la mobilisation
Les signataires de la tribune dénoncent avec véhémence la sévérité de la sanction mais plus encore le fait que le conseil départemental de Moselle, qui a transmis à la chambre disciplinaire les deux plaintes, se soit associé à l’une d’entre elles. L’Ordre est devenu « sourd, complice et indifférent » au sort des siens, déplorent-ils.
Très remontés, les auteurs estiment que ce faisant, les institutions ordinales sont devenues « les relais [du] harcèlement » « méthodique » que subit le Dr Barraud depuis des années de la part de la « complosphère française ».
Outre un « biais idéologique assumé », ils jugent que la décision du CDOM 57 est également entachée d’un conflit d’intérêts « manifeste », une responsable du conseil entretenant un « passif personnel » avec le médecin messin. « Ce que vit le Dr Barraud n'est pas une procédure disciplinaire normale, insistent les signataires. C'est une instrumentalisation de l'Ordre des médecins par des militants radicaux. C'est un procès idéologique. Une vengeance. »
Les auteurs de la tribune en appellent à l’Ordre national pour retirer au CDOM 57 toute compétence dans les deux procédures en cours et pour casser une décision « fondée non sur le droit mais sur la pression politique d'un groupuscule ». À l’ensemble du corps médical, ils disent : « Mobilisez-vous. Car si l'on peut abattre un réanimateur pour avoir défendu la science, alors plus aucun d'entre nous n'est à l'abri. »
Contactés, ni le conseil département de Moselle ni le Cnom n’ont répondu à nos sollicitations.
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