Elles sont au nombre de 151. Ces intercommunalités qui avaient été identifiées en « zones rouges » au début de l’été, à la demande du Premier ministre d’alors. François Bayrou entendait cibler ces territoires présentant une très forte vulnérabilité en termes d’accès aux soins par une « mission de solidarité ». Depuis quelques semaines, les premiers généralistes volontaires y prennent leurs marques. C’est le cas du Dr Jean-Jacques Perrin que Le Quotidien a suivi une journée à Gourin dans le Morbihan. De son arrivée, muni de tout son matériel, après quarante-cinq minutes de route, à sa quinzaine de consultations, l’omnipraticien de 72 ans partage son enthousiasme d’apporter une aide sur un territoire où certains patients n’ont pas vu un médecin depuis cinq ans. Il pointe aussi des difficultés comme l’attente de feuille de soins ou « l’usine à gaz » que représente le logiciel national de prise de rendez-vous en ligne.
Que restera-t-il une fois que la moulinette du PLFSS 2026 sera passée ?
Le dispositif « Un médecin près de chez vous » qui devait voir le jour en septembre, est encore en phase de démarrage. L’ensemble des sites répertoriés n’est pas encore pourvu de généralistes. Le dispositif peine en effet à recruter ! À Gourin, le Dr Perrin s’avère être le seul à avoir sauté le pas sur la dizaine de confrères qui s’étaient portés volontaires initialement. « Nous sommes d’accord sur le principe de cette solidarité mais nous disons aux médecins de ne pas se mettre dans cette galère tant que tous (les problèmes) ne sont pas réglés », déplorait le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire adjoint de MG France dans nos colonnes mi-octobre. Le Dr Pascal Gendry, coprésident d’AvecSanté (qui fédère les maisons de santé), pointait lui le « flou juridique » autour des systèmes d’information partagés en équipe « réservés aux membres de la structure ». Sans oublier la rémunération de 200 euros par journée, unanimement jugée trop faible, ou encore la difficulté à se faire remplacer sur son lieu d’exercice habituel.
Pendant que le dispositif se fait une place dans l’offre de soins, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, dégaine, lui, une autre solution : un réseau de structures labellisées, avec à la clé, une enveloppe de 130 millions d’euros dès 2026. Sous la bannière « France Santé », ces « maisons » pourraient recevoir 50 000 euros en subvention pour leur fonctionnement, équipement, travaux…
Les Premiers ministres se succèdent et rivalisent d’idées pour améliorer l’accès aux soins, mais que restera-t-il une fois que la moulinette du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 sera passée ?
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