Le Covid long des patients avec une primo-infection non grave suit des mécanismes physiopathologiques hétérogènes. Selon la symptomatologie et le temps écoulé depuis l’infection, les biomarqueurs varient, révélant l’importance de développer des thérapies individualisées.
Si les conséquences à long terme du Covid sévère sont bien documentées, les études se concentrent peu sur les formes modérées et les symptômes persistants associés. L’étude Coper, coordonnée par l’ANRS MIE, cherche à combler ces lacunes : 801 patients non hospitalisés ont été inclus, totalement rétablis ou souffrant d’un Covid long. Les résultats sont publiés dans le Lancet eBioMedicine.
Dans cette étude, les patients avec un Covid long étaient plus fréquemment des femmes, avaient un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et trois symptômes persistants en médiane, le plus souvent une asthénie, de la dyspnée, une toux et/ou des troubles du sommeil. Par ailleurs, la dépression et l’anxiété étaient plus prévalentes chez les patients souffrant de ce syndrome post-infectieux.
Des associations de symptômes hétérogènes
Environ 22 % des patients avec un Covid long se sont pleinement rétablis, surtout ceux infectés moins d’un an avant l’inclusion (38 % de guérison contre 20 % dans le groupe infecté plus d’un an avant).
Les chercheurs ont pu définir quatre catégories de syndrome : « thoracique » (association de dyspnée et douleur thoracique), « cognitif » (plaintes sur l’attention, la concentration et la mémoire), « général » (association de fièvre et asthénie) et « arthromyalgique » (association de myalgie et d’arthralgie). Cela met en évidence l’hétérogénéité clinique du Covid long et une physiopathologie « polymorphique et dynamique », lit-on dans l’étude.
Les analyses biologiques ont révélé des associations significatives entre certains biomarqueurs sanguins et les symptômes persistants, notamment ceux liés à l’activation virale, la sévérité du Covid et l’inflammation vasculaire. Leurs niveaux variaient en fonction de la présence ou non de symptômes spécifiques, l’anosmie et l’agueusie restant les principales manifestations fortement associées au plus grand nombre de biomarqueurs.
Les biomarqueurs du Covid long évoluent au fil du temps
Néanmoins, l’étude a révélé que ces anomalies ne perdurent pas, suggérant le caractère transitoire de certains mécanismes. Ainsi, même si les patients infectés récemment rapportaient moins de symptômes, c’est surtout chez eux que les chercheurs ont retrouvé une association avec des biomarqueurs. Au vu de ces conclusions, les biomarqueurs inflammatoires pourraient aider au diagnostic du Covid long mais essentiellement à son début.
« L'étude des marqueurs inflammatoires est probablement insuffisante pour discriminer les personnes souffrant de Covid long », explique dans un communiqué le Pr Olivier Robineau, infectiologue à l’Université de Lille et premier auteur de l’étude. Les chercheurs invitent à explorer d’autres hypothèses pour expliquer le syndrome.
Vers une approche multi-omique dans les syndromes post-infectieux ?
Étant donné l’hétérogénéité du tableau clinique et des biomarqueurs associés, les auteurs appuient l’importance de réaliser des études « multi-omiques » (génomique, transcriptomique, protéomique, métabolomique, etc.) « pour obtenir une vision globale et multidimensionnelle des processus potentiellement impliqués dans les syndromes post-infectieux ».
Les auteurs émettent plusieurs hypothèses non exclusives à l’origine du phénomène :
– les symptômes persistants pourraient devenir indépendants des mécanismes initiaux au fil du temps ;
– la faiblesse immunitaire pourrait rendre les biomarqueurs dans le sang périphérique moins détectable au fil du temps alors que les mécanismes perdurent dans les tissus ;
– d’autres mécanismes associés à l’intensité de la phase aiguë pourraient être liés aux symptômes, notamment les réactions auto-immunes.
« Les premiers essais thérapeutiques sont assez décevants en termes de prise en charge médicamenteuse, peut-être par l'hétérogénéité des patients inclus. Notre étude suggère que la recherche thérapeutique devra prendre en compte au minimum les symptômes et le temps depuis l'infection pour créer des groupes d'études les plus homogènes possibles. On va vers une médecine personnalisée ou de précision », conclut le Pr Robineau.
Santé sexuelle à l’ère du numérique : des opportunités à saisir
Grippes zoonotiques : le HCSP recommande une stratégie « maximaliste »
La perturbation stromale, nouveau biomarqueur des cancers du sein agressifs
La vaccination anti-HPV au collège est bien acceptée mais l’information doit être renforcée