La reprise lundi soir des traitements de Vincent Lambert, arrêtés le matin même, est une péripétie de plus dans cette affaire hors norme, objet d’une bataille judiciaire depuis plus de 10 ans. À trois reprises, trois médecins ont entrepris l’arrêt des soins. À trois reprises, la justice leur a ordonné de les reprendre. Ce cas dépasse aujourd’hui le cadre juridique français et européen puisqu’il franchit l’Atlantique, les parents ayant saisi le Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU, pour qu’il se prononce sur le fond du dossier.
Le sort de ce tétraplégique de 42 ans, gravement cérébro-lésé à la suite d’un accident de la route, va aussi bien au-delà de la sphère médicale et familiale. Il s’est transformé en feuilleton médiatico-judiciaire, les parties plaignantes et les lobbies de tous poils ayant bien identifié le profit à tirer de la mise en lumière de ce cas. Même si elle a été volontairement mise de côté lors des derniers états généraux de bioéthique, la question de la fin de vie interpelle aujourd’hui la société dans son ensemble – le tabou de l’euthanasie semble levé pour beaucoup de Français.
Au final, les deux premiers médecins de Vincent Lambert ont jeté l’éponge, la relation de confiance avec la famille, essentielle dans ce type de situation, ayant été rompue. Il est même incroyable de voir à quel point la parole des soignants du jeune homme ne porte plus. Tout se passe ailleurs. Les médecins du CHU de Reims semblent être devenus des prestataires de service soumis aux décisions de justice.
On dit que le diable se niche dans les détails. L’affaire aurait peut-être pris une autre tournure, si en 2013, les médecins rémois n’avaient pas décidé avec l’épouse d’interrompre les traitements sans en informer les parents. Cet “oubli” a lancé cette incroyable bataille juridique. La décision collégiale doit rester le maître mot, rappelle la loi Claeys-Leonetti de 2016.
L’affaire Lambert marquera l’histoire de la médecine et du droit médical. Il y aura un avant et un après.
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