Dans un communiqué, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte sur le mauvais usage des collyres mydriatiques chez les très jeunes enfants, en raison de la survenue « d'effets indésirables graves, parfois mortels », associés à une mauvaise utilisation de ces produits. « Mal administrées, ces gouttes ophtalmiques peuvent passer dans la circulation sanguine et atteindre le système digestif, cardiovasculaire et/ou nerveux central, en particulier chez de très jeunes enfants (nouveau-nés, nourrissons et prématurés) », précise l'agence du médicament.
Sont actuellement disponibles en France, deux types de collyres mydriatiques : avec d'un côté les anticholinergiques et antimuscariniques avec l’atropine, le cyclopentolate (Skiacol) et le tropicamide (Mydriaticum) ; et de l'autre les collyres alpha-mimétiques de type 1 avec la phényléphrine (Néosynéphrine). Sur son site, l'ANSM répertorie toutes ces spécialités à usage pédiatrique en distinguant les collyres anticholinergiques et antimuscariniques et les alpha-mimétiques de type 1, et en insistant sur les tranches d'âge pour lesquelles ces produits peuvent être utilisés.
Effets indésirables graves : troubles cardiovasculaires, neurologiques et digestifs
Au sujet des effets indésirables, l'agence du médicament indique qu'ils peuvent être différents selon le type de collyre utilisé. Généralement ils surviennent environ 20 à 30 minutes après l’administration, et sont transitoires (ils s’améliorent en 4 à 6 heures et peuvent durer jusqu’à 12 à 24 heures). Parmi ces effets mineurs : dilatation de la pupille persistant plusieurs heures, rougeur du visage, sécheresse de la bouche.
Cependant, dans de rares cas, des effets graves peuvent survenir (troubles neurologiques, cardiovasculaires et digestifs), nécessitant une prise en charge spécifique. L'agence énumère les symptômes devant alerter : fièvre brutale et élevée (rarement sévère sauf en cas de surdosage) ; changement du comportement de l’enfant (agitation, somnolence brutale, hallucinations) ; confusion, perte de mémoire, troubles de l’attention ; maux de tête, vertiges, troubles de l'équilibre, convulsions ; rythme cardiaque rapide ou pression artérielle élevée ; troubles digestifs (météorisme abdominal, iléus, occlusion chez le nouveau-né et le prématuré). « Ces effets indésirables graves se produisent le plus souvent lorsque plusieurs collyres mydriatiques sont administrés successivement », précise l'ANSM.
Aux parents qui constatent la survenue d'un de ces symptômes, l'agence indique de rincer l’œil ou les deux yeux à l’eau tiède, de consulter sans attendre le médecin de l’enfant ou le pharmacien, de contacter le centre antipoison du département, ou encore d'orienter l'enfant vers un service d'urgence en fonction de la gravité des symptômes.
Messages aux profressionnels de santé
Aux professionnels de santé, l'agence du médicament émet des recommandations pour éviter la survenue de ces effets indésirables graves, en commençant bien sûr par bien respecter les contre-indications et les modalités d’administration formulées dans le résumé des caractéristiques du produit ; mais aussi évaluer les risques liés à une éventuelle comorbidité, en particulier en cas de maladie neurologique comme le syndrome de Down, une paralysie spastique ou des lésions cérébrales ; tenir compte du délai de dilatation de la pupille avant une éventuelle nouvelle administration de collyre ; être attentif au risque de surdosage en cas d’iris foncés qui se dilatent moins facilement que les iris clairs. Si le cyclopentolate ne fait pas effet, on peut le remplacer par l’atropine, indique l'ANSM qui précise : « pour la dilatation de l’œil chez le prématuré et le nouveau-né, préférer l’utilisation du tropicamide (Mydriaticum) à l’atropine compte tenu du profil de tolérance. La néosynéphrine 5 % et 10 % et l’atropine 1 % sont contre-indiquées chez l’enfant de moins de 12 ans ». Et avant l'âge de 1 an, « l'utilisation de néosynéphrine 2,5% doit être exceptionnelle et requiert une surveillance de la tension et du rythme cardiorespiratoire pendant les 30 minutes suivant l’administration ».
Bien entendu, il est rappelé de respecter les posologies de manière stricte et les intervalles entre chaque administration du collyre.
A noter encore que l'agence conseille après l’administration du collyre mydriatique, d'appuyer sur l’angle interne de l’œil de l’enfant pendant 1 à 2 minutes et d'essuyer la joue de l’enfant. « Ceci permet d’éviter toute ingestion ou absorption par contact avec la peau et de limiter ainsi le passage du produit dans la circulation sanguine ». Après l'administration du collyre, il est recommandé que l'enfant soit surveillé pendant 30 minutes.
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