« La fille de Brest »
Pas si simple, apparemment, de traiter de l’« affaire Médiator » sur grand écran. à en croire Emmanuelle Bercot, réalisatrice de la Fille de Brest, en salles depuis mercredi 23 novembre, ce n’est d’ailleurs pas elle qui a imaginé le sujet, mais son producteur. Et c’est la rencontre avec son héroïne, Irène Frachon, qui l’aurait finalement décidée. Pas évident non plus de trouver l’interprète idoine pour incarner la pneumologue brestoise. « Au moment du casting, je n’arrivais à projeter aucune actrice française sur le rôle », raconte la cinéaste.
Et c’est finalement Catherine Deneuve qui lui aurait suggéré d’aller chercher plus au nord de l’Hexagone… Mais, avant de transformer Sidse Babett Knudsen – l’actrice danoise découverte par le public français dans la série Borgen et au cinéma dans l’Hermine – en une Irène Frachon plus vraie que nature, il a fallu deux ans d’écriture. Et, assure Emmanuelle Bercot, une rigueur de tous les instants sur les faits relatés, alors même que l’épilogue judiciaire n’est toujours pas connu.
Irène Frachon sur tous les fronts. Le film est construit à partir du regard de la pneumologue, son livre Médiator 150 mg ayant servi de base de départ au scénario. « L’actrice est beaucoup plus dure que dans la réalité », prévient la réalisatrice, qui dépeint Irène Frachon (la vraie) comme aussi têtue qu’émotive et quasi prédisposée à se retrouver un jour sous la lumière des projecteurs. « Un rien cabotine », ajoute Benoît Magimel, qui, lors du tournage à Brest, a maintes fois croisé la pneumologue à l’hôpital de la Cavale-blanche, alors que, dans le film, il lui donne la réplique, incarnant le patron du Centre d’investigation clinique du CHU.
Dans le scénario très enlevé d’Emmanuelle Bercot, Irène Frachon est campée en Jeanne d’Arc de la santé publique, bataillant face aux représentants de l’industrie et se heurtant au scepticisme des experts et hauts fonctionnaires de l’Agence du médicament, jusqu’au retrait du produit. On la voit enquêter sur place, houspillant ses confrères brestois pour aller plus vite, faisant bosser en parallèle
une jeune thésarde en pharmacie, ou dégotant une taupe au service statistique de la Cnam… Dans l’optique du film, rien ne lui est épargné… mais tout lui réussit. Auprès de ses patients, elle n’est qu’abnégation et dévouement. Tout en parvenant dans ce tourbillon à conserver, on ne sait trop comment, une vie familiale harmonieuse…
Parisianisme Difficile pourtant de ne pas tomber dans le manichéisme. Autour de la Fille de Brest, il y a les bons et les méchants. Et peu d’espace pour tout autre intermédiaire. La caméra ne s’intéresse guère au laboratoire, mais les rares séquences qu’elle consacre à ses porte-parole tournent un peu à la caricature. Le film traite aussi cette histoire comme la confrontation entre le parisianisme hautain des élites universitaires et la détermination d’une équipe d’un petit CHU de province. Côté spectateur, pas de répit pendant plus de deux heures. Pour mieux le gagner à ses arguments, Emmanuelle Bercot ne recule devant rien. Et fait le choix – discutable – de ne rien lui cacher. Jusqu’aux images, franchement « gores » pour les béotiens, des autopsies…
Film français d’Emmanuelle Bercot (2h08),avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation