Connus pour leurs propriétés cardioprotectrices, les inhibiteurs du SGLT2 (iSLGT2) se révèlent efficaces pour réduire le risque d’insuffisance cardiaque ou d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez des patients atteints de cancer traité par chimiothérapie. Telle est la conclusion d’une méta-analyse publiée dans la revue European Journal of Preventive Cardiology suggérant ainsi que les iSGLT2 permettraient de lutter contre la cardiotoxicité induite par les anticancéreux, mais aussi possiblement par le cancer lui-même.
« Jusqu'à 20 % des patients atteints d’un cancer ayant reçu une chimiothérapie développent des problèmes cardiaques, et jusqu'à 10 % d'entre eux souffrent d'insuffisance cardiaque, expliquent les auteurs. Ce traitement a déjà montré qu’il pouvait améliorer les symptômes de l’insuffisance cardiaque, tels que l’essoufflement et la fatigue, il serait le premier à aider les patients atteints de cancer à mieux se rétablir à long terme. Nous espérons que ce type de médicament pourra à l'avenir être utilisé en routine ».
Un risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque quasi annulé dans le cancer du sein
La méta-analyse a inclus 13 études portant sur 88 273 patients atteints de cancer ou survivants d’un cancer. Lorsque les patients prenaient des iSGLT2, les auteurs ont observé une réduction de 50 % du risque de visites non planifiées à l'hôpital liées à l'insuffisance cardiaque et de 71 % du nombre de nouveaux cas d'insuffisance cardiaque. Dans la plupart des études, les patients étaient traités par iSGLT2 pour un diabète de type 2.
Les avantages se sont avérés particulièrement marqués pour les patientes atteintes d'un cancer du sein recevant une chimiothérapie par anthracyclines, puisque parmi les populations de cancers du sein, les études incluant 50 % ou plus de patientes sous anthracyclines montraient des réductions de 99 % du risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque. Les auteurs ont retrouvé une association entre le traitement par iSGLT2 et une réduction significative de la mortalité toutes causes (RR = 0,45).
Dans cette analyse, le nombre de personnes à traiter par iSGLT2 pour éviter un décès était de quatre, versus 39 dans l’étude Empa-Reg menée dans le diabète de type 2. Un résultat surprenant, qui questionne sur la possibilité « de mécanismes additionnels par lesquels les iSGLT2 influent le pronostic du cancer ».
Les effets indésirables rapportés, principalement à type de septicémies, lésions rénales aiguës et infections urinaires, étaient généralement moins fréquents dans les groupes iSGLT2. Des cas d'hypoglycémie, d'acidocétose diabétique, d’infections génitales à levures et d’amputations des membres inférieurs ont aussi été signalés, là aussi moins fréquemment dans les groupes iSGLT2. Cependant, les auteurs précisent qu’en raison « de l'incohérence des rapports d'une étude à l'autre, aucune méta-analyse formelle des effets indésirables n'a été réalisée ».
D’autres essais prometteurs en cours
Plus tôt dans l’année, une équipe du Centre national d’investigations cardiovasculaires espagnol (CNIC) avait fait écho dans le Jacc: CardioOncology de résultats prometteurs de l’empagliflozine dans des modèles animaux. Les scientifiques avaient montré que cet iSGLT2 à la dose quotidienne de 20 mg était efficace pour prévenir les lésions cardiaques causées par les anthracyclines. Chez le porc, l’empagliflozine a permis de préserver la fonction contractile du cœur et de protéger le métabolisme du muscle cardiaque. Les auteurs avaient ainsi positionné l’empagliflozine comme un espoir de traitement préventif chez les patients atteints d’un cancer recevant des traitements cardiotoxiques.
Pour les auteurs, « des recherches supplémentaires seront nécessaires pour confirmer ces résultats ». Deux essais sont ainsi en cours pour évaluer l’efficacité des iSGLT2 contre la cardiotoxicité induite par les anthracyclines dans le cancer du sein (l’essai italien Protect avec la dapagliflozine et l’essai strasbourgeois Scara-B). De plus, d’autres recherches récentes ont suggéré que les iSGLT2 pourraient eux-mêmes avoir des propriétés anti-néoplasiques « en réduisant potentiellement la croissance tumorale et en induisant la mort des cellules malignes ». Ces effets seraient médiés par plusieurs mécanismes dont la diminution de la disponibilité en glucose.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation