Faut-il tirer la sonnette d’alarme ? Entre 2010 et 2015, les investissements sur les sites de production de médicaments biologiques ont baissé de 20 % entre 2010 et 2015, selon les résultats de la 4e édition de l’Observatoire des investissements productifs pharmaceutiques et biotechnologiques réalisés par KPMG pour le Leem et Polepharma. Sur la période 2013-2015, la réduction s’est établie à -12,8 %. Ce recul s’explique d’abord par le faible nombre de médicaments biologiques autorisés par l’Agence européenne de médicaments. Seuls cinq sont produits en France, à comparer avec les 21 fabriqués en Allemagne ou les douze médicaments en Italie. Dans le même temps, on note une stabilité des investissements concernant les sites de production chimique.
Disparition des sites de R&D
Comment expliquer la performance du voisin transalpin ? « C’est le résultat de la politique menée il y a cinq ans par Mateo Renzi lorsqu’il était au pouvoir », explique Patrick Errard, le président du Leem. A ce résultat inquiétant s’ajoute « la quasi-disparition des structures de recherche & développement dans l’Hexagone », note Frédéric Thomas (KPMG, l’un des responsables de l’étude. Pour inverser la tendance, trois leviers doivent être mis en œuvre, explique-t-on au Leem. En premier, la fiscalité où la France exerce une forte pression est regardée avec attention par les sièges des big pharmas avant tout nouvel investissement. La qualité de la régulation exercée par l’administration comme le niveau de prix des médicaments sont également des critères de décision. Enfin, la surtransposition des directives européennes en droit interne décourage également des décisions d’investissements.
Parfois, il suffirait aussi de traduire de manière concrète des mesures déjà validées. L’article 18 de l’accord-cadre CEPS-Leem n’est pas encore appliqué. Or, il prévoit la prise en compte dans la fixation des prix ou de leur révision des investissements de R&D réalisés sur le territoire de l’Union européenne.
Cluster
Mais au-delà de l’inflexion impulsée par les pouvoirs publics, le succès s’explique aussi par des décisions prises au niveau local. En témoigne la réussite du cluster Polepharma. « Le retentissement mondial de la Silicon Valley en donne une illustration », explique Stéphane Tiroloix, à la tête du premier cluster français. A Polepharma, les interactions entre acteurs politiques et industriels permettent de prendre les bonnes décisions. En réponse à des besoins de formations répondent des cursus spécifiques mis en place dans les collèges et les lycées. Ce qui incitera ensuite des industriels à programmer des investissements. Ce facteur retentit sur l’emploi. Une corrélation significative est en effet observée entre les effectifs totaux des sites de production et le montant des investissements.
Une fois ce constat dressé, les regards se tournent désormais vers le nouveau gouvernement. Saura-t-il répondre aux menaces qui pèsent sur l’outil industriel pharmaceutique ? L’attractivité sera-t-elle restaurée ? Le Leem témoigne aujourd’hui d’une grande bienveillance à l’égard d’Emmanuel Macron. Les premiers arbitrages qui seront rendus lors de la préparation du PLFSS 2018 permettront de confirmer ou non les espoirs placés dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique du médicament.
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