Lien de cause à effet ? Simple association ? Mécanismes communs ? Avoir un mauvais odorat pourrait être lié, chez les personnes âgées, aux maladies coronariennes. C’est ce que révèle une étude américaine publiée dans Jama Otolaryngology-Head & Neck Surgery qui retrouve, dans une population âgée, qu’un déficit olfactif est associé à un risque plus élevé de maladie coronarienne. Ce risque était jusqu’à deux fois supérieur dans les premières années de suivi.
Des études antérieures avaient déjà démontré que l’hyposmie était un symptôme prodromal de neurodégénérescence, associé par ailleurs à un surrisque de mortalité toutes causes chez la personne âgée. La perte de l’audition également s’est révélée liée au risque de démence. Cependant, « deux études récentes ont rapporté que les maladies neurodégénératives n’expliquaient qu'une petite partie de la surmortalité toutes causes confondues chez les personnes âgées ayant un odorat médiocre, suggérant que l’odorat est associé à la santé des personnes âgées au-delà de la neurodégénérescence », détaillent les auteurs. Une étude en particulier a mis en évidence un lien entre mauvais odorat et mortalité spécifique plus élevée due aux maladies cardiovasculaires (MCV), « suggérant un lien entre l'odorat et la santé cardiovasculaire ».
Une association s’atténuant dans le temps
Dans cette étude rétrospective, les auteurs ont analysé les données issues de l’étude prospective Atherosclerosis Risk in Communities Study (Aric). Ils ont inclus 5 142 personnes âgées américaines qui ne souffraient pas de maladies coronariennes (MC) et dont l'olfaction avait été évaluée lors d’une des visites programmées de l’essai Aric. Les participants à risque ont été suivis depuis cette visite (effectuée entre juin 2011 et septembre 2013) sur une moyenne de 9,6 ans. L'olfaction a été mesurée à l'aide d'un test d'identification des odeurs en 12 points et définie comme bonne (score de 11 à 12), modérée (score de 9 à 10) et faible (score de 0 à 8).
Parmi les participants inclus (âge moyen 75,4 ans, 62,9 % de femmes, 23,9 % de noirs), les auteurs retrouvent un risque 2,06 fois plus élevé de MC incidentes lorsque l’odorat était mauvais à 2 ans, 2,02 fois plus élevé à 4 ans, 1,59 fois plus élevé à 6 ans, 1,22 fois plus élevé à 8 ans et 1,08 fois plus élevé à 9 ans. « L’association s’atténue dans le temps », commentent les auteurs. Après 9,6 ans de suivi, ce sont au total 280 cas (5,4 %) de MC identifiés. Lorsque l’olfaction était considérée comme modérée, l’association avec une MC incidente s’observait également, bien qu’elle soit plus faible et également atténuée dans le temps.
Un marqueur d’athérosclérose
« Il est biologiquement plausible qu'un déficit d’odorat chez les personnes âgées signifie un risque futur de MC », avancent les scientifiques. Il pourrait être un signe d’athérosclérose sous-jacente susceptible de conduire à des événements cliniques de MC. Il pourrait aussi, « hypothétiquement », affecter négativement l’alimentation, l’humeur, l’activité physique et les interactions sociales chez les personnes âgées. Enfin, le mauvais odorat serait associé à un surrisque de fragilité, selon une étude récente publiée dans The Journals of Gerontology. « Dans l'ensemble, un déficit olfactif, qu'il soit un indicateur précoce ou un facteur contributif, peut signifier un risque plus élevé de MC chez les personnes âgées », résument-ils.
Les scientifiques n’écartent pas en effet la possibilité que le déficit olfactif soit un « symptôme précoce d'événements coronariens imminents ; l'olfaction peut commencer à diminuer quelques années avant le diagnostic clinique de maladie coronarienne, mais pas au-delà ». Ils rapportent à ce titre, les résultats d’une autre sous-analyse d’Aric qui a montré une tendance similaire pour l’association entre mauvais odorat et accidents vasculaires cérébraux. « Ces observations convergentes, bien que préliminaires, soutiennent l'idée qu'une mauvaise olfaction pourrait être un marqueur d'athérosclérose systémique conduisant à terme à un AVC clinique ou à une MC », avancent-ils prudemment.
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