La disjonction annulaire mitrale triple le risque d’arythmie, même après une chirurgie correctrice

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Publié le 18/04/2025
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Les personnes souffrant d’une anomalie valvulaire particulière ont un surrisque d’arythmies malignes et ce, même après une chirurgie des valves réussie.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Une étude menée par des chercheurs du Karolinska Institutet montre que les personnes souffrant d’une disjonction annulaire mitrale (DAM) associée à un prolapsus valvulaire mitral (PVM) avec régurgitation mitrale (RM) présentent un risque d’arythmies ventriculaires (AV) persistant même après une chirurgie de correction. Des résultats publiés dans l’European Heart Journal.

La disjonction annulaire mitrale est une anomalie cardiaque dans laquelle l’attachement de la valve mitrale « glisse » de la jonction atrioventriculaire postérolatérale. Elle peut ainsi entraîner un refoulement du sang dans le cœur, pouvant causer des arythmies sévères, voire entraîner le décès par arrêt cardiaque. Elle est ainsi connue pour être un facteur de risque d’AV, mais jusqu'à présent, il n’était pas établi que le risque d'arythmie disparaissait une fois la DAM corrigée chirurgicalement. La DAM est généralement associée au PVM, anomalie valvulaire la plus prévalente dans les pays occidentaux affectant 2,5 % de la population et occasionnant une régurgitation mitrale.

Une DAM qui touche plus femmes et jeunes

Les 599 patients inclus dans l’étude souffraient d’un prolapsus de la valve mitrale associé à une RM, et 16 % d’entre eux étaient aussi atteints d’une DAM et, à ce titre, à risque d’arythmies. Par rapport aux patients sans DAM, les patients avec disjonction étaient plus jeunes (55 versus 63 ans), étaient plus souvent des femmes (31 versus 17 %) et présentaient un PVM plus étendu avec présence d’une maladie de Barlow notamment (70 versus 27 %).

Les patients ont subi, soit une chirurgie de remplacement (n = 114), soit une réparation valvulaire (n = 485). Cependant, les auteurs ont constaté que même après correction chirurgicale réussie, à 5 ans de suivi, les patients DAM présentaient encore un surrisque d’AV (HR = 3,33), soit un risque plus de trois fois plus élevé d’arythmies ventriculaires que les patients sans DAM. Plus la DAM est sévère, plus le risque est élevé. « Nos résultats montrent qu'il est important de suivre de près les patients atteints de cette maladie, même après une opération réussie », déclare la Dr Bahira Shahim, autrice senior de l’étude, dans un communiqué de presse du centre de recherche médicale suédois.

Ces travaux ont par ailleurs aiguillé les chercheurs sur de nouvelles hypothèses concernant les arythmies ventriculaires dans la DAM. « L'une d'entre elles est que la DAM provoque des changements permanents dans le muscle cardiaque au fil du temps », lit-on, ou encore que la réparation ou la chirurgie de remplacement étaient insuffisamment adaptées. Une autre serait que « la DAM est un signe d'une maladie sous-jacente du muscle cardiaque ». Ainsi, les auteurs poursuivent leurs travaux en étudiant particulièrement la cicatrisation du cœur à l'aide de l'IRM et d'analyses des échantillons de tissu du muscle cardiaque.


Source : lequotidiendumedecin.fr