Près d’un quart des 18 à 75 ans dépassent les repères de consommation d’alcool. Ces consommations à risque se retrouvent davantage chez les hommes (33,5 % d’entre eux) que chez les femmes (14,9 %). Et ce quel que soit l’âge. À noter qu’en l’espace de trois ans, « la proportion de personnes dépassant les repères n’a pas évolué significativement entre 2017 et 2020 », indique le dernier numéro du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui rend compte des résultats provenant de l’enquête du Baromètre santé 2020 (enquête téléphonique a été conduite sur un échantillon aléatoire de près de 15 000 adultes résidant en France métropolitaine). L’objectif de ce travail était de définir la part des adultes dépassant ces repères de consommation et surtout de mieux identifier les personnes ayant des comportements à risque.
Les repères de 2017 de la consommation excessive
En 2017, les repères de consommation d’alcool avaient été redéfinis par Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa), indiquant que pour limiter les risques pour la santé, il est recommandé « de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour. Et d’avoir des jours dans la semaine sans consommation ». Rappelant les conséquences majeures d’une consommation excessive d’alcool – responsable de plus de 40 000 décès par an, le BEH détaille les profils des personnes ayant une consommation à risque. Ainsi, parmi les hommes concernés, près d’un sur deux n’a aucun diplôme ou un diplôme inférieur ou égal au baccalauréat. Un tiers des femmes dépassant ces repères, sont dans cette situation. Sont aussi plus touchés : les hommes sans emploi, et – de façon peut-être un peu paradoxale, les personnes à hauts revenus. Les auteurs de cet article précisent en effet : « certaines populations sont plus à risque de dépasser les repères : les femmes ayant un diplôme élevé, les hommes au chômage et les personnes (hommes et femmes) ayant des revenus élevés ».
Autre donnée : les types de consommation diffèrent selon les âges. Ainsi, « les plus jeunes dépassent plus fréquemment le seuil des deux verres par jour tandis que leurs aînés dépassent davantage les cinq jours de consommation dans la semaine », souligne le BEH.
À noter que les auteurs de cet article rappellent que la limite de leur enquête tient au caractère déclaratif de ces données, avec l’existence très probable de différents biais.
Nécessité de renforcer les actions de prévention
Enfin, même si beaucoup des personnes interrogées connaissent les risques liés à une consommation excessive d’alcool, en particulier vis-à-vis du cancer, l’envie de réduire sa consommation concerne seulement 23 % des consommateurs au-dessus des repères », précise le BEH. Un constat qui participe à la difficulté des généralistes à convaincre certains de leurs patients à stopper ou à modérer leur consommation.
Le Bulletin conclut d’ailleurs sur l’importance de renforcer les actions de communication et de prévention en particulier sur l’accessibilité (fiscalité, disponibilité) vis-à-vis de l’alcool. Dans ce domaine, des critiques sont régulièrement formulées sur les actions et initiatives de nos instances ministérielles qui manquent de conviction. Mais, comme le confessait dans une interview donnée au Généraliste en juin 2019, le Dr François Bourdillon, l’ancien directeur général de Santé publique France au terme de son mandat : « parler d’alcool en France n’est pas simple ! ».
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