L’effet des canicules sur la santé reste mal connu. Si les pathologies spécifiques à la chaleur (hyperthermie, déshydratation, hyponatrémie) sont désormais surveillées en routine par le dispositif iCanicule, d’autres passent sous les radars. Aux États-Unis, les canicules se traduisent pourtant par une hausse des passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë.
Pour analyser ce signal, Santé publique France (SPF) a scruté les données du système de surveillance syndromique SurSaUD (Surveillance sanitaire des urgences et des décès) des 12 départements de la région Auvergne Rhône-Alpes, de 2015 à 2022. L’étude s’est concentrée sur les passages aux urgences pour l’insuffisance rénale aiguë, la décompensation cardiaque et l’ischémie myocardique, les données sur ces deux dernières pathologies étant discordantes. Les résultats sont publiés dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Un risque persistant trois jours après la fin de l’alerte
Il ressort de l’analyse que le risque de passage aux urgences pour insuffisance rénale aiguë est accru de 47 %, lorsque les températures dépassent les seuils d’alerte météorologiques. Ce surrisque est retrouvé en période de vigilance jaune (+ 33 %) ou orange (+ 42 %) et dans les 3 jours suivant la fin de vigilance orange (+ 32 %). Ces associations sont observées, indépendamment du sexe, de l’âge, du département, du jour et du mois.
Un effet dose lié à la température est observé, le surrisque étant alors plus marqué chez les 65 ans et plus par rapport aux moins de 65 ans. Cette relation exposition-risque entre augmentation de la température et risque de passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë aurait une « plausibilité biologique avec une explication physiologique au phénomène observée par le biais de la déshydratation et de l’hypovolémie », indique SPF.
Une étude spécifique aux pathologies cardiaques encore nécessaire
Concernant la décompensation cardiaque et l’ischémie myocardique, aucune association n’est mise en évidence. Le risque de passage aux urgences pour ces pathologies diminue même marginalement en cas de dépassement de seuil canicule, respectivement de 8 % et de 9 %. Ces résultats sont à interpréter « avec prudence », incitent les auteurs, « car les patients peuvent aussi décéder avant leur passage aux urgences ». Dans la littérature, les données sont « discordantes, ou non concluantes, sur l’association entre chaleur et maladies cardiovasculaires », est-il rappelé. Une étude spécifique à ces pathologies incluant l’ensemble des filières de prise en charge urgente serait à mener, encouragent les auteurs.
Les résultats incitent surtout à « tester une extension de la surveillance épidémiologique » de l’impact de la chaleur sur l’insuffisance rénale aiguë. « Cette pathologie pourrait être pertinente à surveiller à des fins d’alerte, du fait du risque de lésions rénales provoquées par le stress thermique, d’entrée par la suite en maladie rénale chronique et d’hospitalisations », concluent les auteurs.
Quel indicateur pour caractériser la chaleur ?
Dans une autre étude du BEH, SPF a comparé quatre indicateurs thermiques afin d’évaluer leur pertinence pour caractériser les effets sur la santé : la température moyenne (Tm), la température au thermomètre globe mouillé (WBGT), le heat index (HI) et le universal thermal climate index (UTCI). La Tm apparaît comme « le plus simple à produire, communiquer et à associer aux recours aux soins en population générale, notamment dans le cadre du système d’alerte canicule et santé », jugent les auteurs. Et d’ajouter : « les indicateurs plus complexes incluant d’autres variables météorologiques n’expliquent pas mieux les effets ». Cette analyse est à étendre aux départements et régions d’outre-mer (Drom) qui présentent des climats différents.
Dans l’étude sur l’insuffisance rénale aiguë, la décompensation cardiaque et l’ischémie myocardique, l’indicateur utilisé était la température maximale quotidienne moyenne (Tmax). Celle-ci était de 27,7 °C (minimum : 12,0 °C ; maximum 41,4 °C) sur l’ensemble de l’étude. Elle a atteint 35,0 °C (minimum : 25,2 °C ; maximum 41,1 °C), durant les périodes de dépassement de seuil canicule et 35,1 °C (minimum : 26,7 °C ; maximum 41,4 °C) durant les périodes de vigilance orange, déclenchées par Météo France.
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