La mortalité des patients atteints de Covid-19 dans les services de réanimation de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est estimée entre 25 et 35 %, a déclaré lundi son directeur général Martin Hirsch en réponse aux propos du Pr Didier Raoult, (directeur de l'IHU Méditerranée-Infection de Marseille), faisant état d’une surmortalité bien plus élevée.
Selon les données de Si-Vic, le système du ministère de la Santé pour le suivi des patients en cas de situation sanitaire exceptionnelle, le taux de mortalité en réanimation « ressort aujourd'hui à l'Assistance publique à 25 % », a-t-il indiqué devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise du coronavirus. Selon une autre source, la cohorte de patients constituée par l'AP-HP pour suivre les patients pris en charge dans ses 39 hôpitaux, « nous estimons ce taux entre 31 % et 35 % ».
Le 24 juin, le Pr Raoult avait affirmé devant la même commission, que la mortalité dans les réanimations de l'AP-HP était de 43 % « contre 16 % chez nous », citant un rapport de la cellule de crise de l'AP-HP daté du 14 avril.
Martin Hirsch a confirmé l'authenticité du document mais précisé qu'il datait d'il y a près de trois mois et était donc obsolète. Il a également souligné que les comparaisons de taux de mortalité n'étaient pertinentes que si elles tenaient compte du nombre de patients admis, de la gravité des symptômes ou encore de la proportion de patients âgés. Quand vous avez « peu de patients à prendre en charge, vous pouvez mettre des patients plus légers en réanimation », ce qui « a une influence sur le taux de mortalité », a-t-il notamment expliqué.
« Accusations graves »
Le patron de l'AP-HP avait protesté dès le 26 juin contre les déclarations de Didier Raoult, estimant dans un courrier au président de l'Assemblée nationale que ses propos semblaient « s'apparenter à un faux témoignage ». « Mon rôle n'est pas de faire la police des pourcentages, mais si c'est pour (influencer) la commission d'enquête à partir de données biaisées et partielles, c'est mon rôle de réagir promptement », a-t-il déclaré lundi devant les députés. Le Pr Raoult a porté des « accusations graves » en « sous-entendant que nous serions des criminels puisque nous aurions laissé mourir des patients (...) parce que nous n'aurions pas donné le médicament (l'hydroxychloroquine, N.D.L.R.) ».
(Avec AFP)
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