Le Lancet prend de la distance vis-à-vis de l’étude très critiquée sur l’hydroxychloroquine

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Publié le 03/06/2020
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Après avoir été sérieusement critiquée par la communauté scientifique, l’étude du Lancet ayant pointé l'absence bénéfice de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 suscite désormais des réserves de la part même de la publication.

La célèbre revue scientifique britannique vient en effet de reconnaitre dans un avis diffusé mardi que « d'importantes questions » planaient à son sujet. Le Lancet souhaite ainsi « alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à (son) attention » au sujet de cette étude.

Cet avertissement a été publié sous la forme d'une « expression of concern » (« expression de préoccupation »), déclaration formelle employée par les revues scientifiques pour signifier qu'une étude pose potentiellement problème.

Si une « expression of concern » n'est pas aussi lourde de conséquences qu'une rétractation pure et simple, elle est tout de même de nature à jeter le doute sur des travaux scientifiques.

Audit indépendant en cours

La revue précise par ailleurs qu’un « audit indépendant sur la provenance et de la validité des données, commandé par les auteurs non affiliés à la société Surgisphere » est en cours, avec des résultats attendus très prochainement. 

Publiée le 22 mai dans le Lancet, l'article en cause est une étude observationnelle internationale portant sur les données de 96 000 patients hospitalisés pour Covid-19 entre décembre et avril dans 671 hôpitaux différents. Les auteurs concluent à l’absence de bénéfice —voire à un effet délétère— de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine, utilisées dans ce cadre, seules ou en association avec un macrolide. 

A la suite de cette publication, de nombreux chercheurs ont exprimé, dans une lettre ouverte, leurs doutes sur l’intégrité et la rigueur de l’étude, pointant notamment des données australiennes incompatibles avec les chiffres de décès officiels. 

Dans la foulée, le Lancet a publié un rectificatif le 30 mai (reconnaissant notamment une erreur de saisie avec la confusion de données australienne et asiatiques) et corrigé l’article, mais sans « qu’aucun changement n'ait été apporté aux conclusions ». 

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr