Le taux de mortalité est « historiquement bas » en 2023 – 828,3 pour 100 000 habitants – avec le recul du Covid-19, et les deux premières causes de décès en France restent les tumeurs et les maladies cardio-neurovasculaires. Telles sont les conclusions principales des travaux publiés conjointement par la Drees*, le CépiDc-Inserm** et Santé publique France à partir de la statistique nationale des causes de décès produite par le CépiDc.
Cette tendance s’observe aussi à l’échelle européenne où l’espérance de vie moyenne a atteint le niveau record de 81,5 ans. Pour la grande majorité des pays, l’espérance de vie à la naissance en 2023 est plus élevée qu’en 2019, soit le niveau le plus élevé depuis 2012. Pour autant, la mortalité reste plus élevée que celle attendue si la tendance pré-pandémique s’était prolongée jusqu’en 2023 en France.
« Après trois années de forte mortalité dues à la pandémie de Covid-19 et à un regain de mortalité lié aux maladies respiratoires en 2022 », l’année 2023 avec 637 082 décès (soit 36 000 décès de moins qu’en 2022) a connu une mortalité, toutes causes confondues, « plus faible qu’en 2019 », détaille Élise Coudin, directrice du CépiDc. La mortalité est 1,6 fois plus élevée chez l’homme que chez la femme ; et les plus de 85 ans représentent 46,1 % des décès.
L’Île-de-France, la région à la mortalité la plus basse
Les données font apparaître des inégalités territoriales toujours fortes, surtout concernant les maladies cardio-neurovasculaires. La mortalité est ainsi plus importante dans les départements et régions d’outre-mer, ainsi que dans le nord et l’est en métropole. Ainsi, à Mayotte, le nombre de décès est 89 % plus élevé que la moyenne nationale, quand il l’est de 37 % en Guyane et de 17 % dans les Hauts-de-France. C’est l’Île-de-France qui enregistre la mortalité la plus basse, -15 % par rapport à la moyenne.
Ces disparités peuvent être liées « à des facteurs comportementaux, économiques, environnementaux, territoriaux, et d’accès aux soins », expliquent les chercheurs. En outre, la mortalité se révèle plus importante dans les territoires ruraux et plus faible dans les grandes agglomérations, notamment par maladies cardio-neurovasculaires et causes externes. Selon les auteurs, « certaines causes de décès, dont une partie pourrait être évitée par la prévention, provoquent davantage de décès dans les pôles urbains peu denses et isolés ».
Les tumeurs du poumon, premier cancer mortel
Dans leur ensemble, les grandes causes de décès baissent de façon plus ou moins importante, à l’exception des maladies de l’appareil respiratoire et des maladies infectieuses et parasitaires qui sont en hausse. Les tumeurs restent la principale cause de décès (27 %), chez les hommes et chez les femmes, les cancers du poumon en première place suivis des tumeurs colorectales. Par ailleurs, la mortalité par cancer a augmenté pour certaines tumeurs (pancréas, mélanome) et, en général, chez les femmes de plus de 85 ans.
Arrivent peu après les décès par maladies cardio-neurovasculaires (21,4 %), malgré un léger recul par rapport à 2022. Ce sont la première cause de décès chez les plus de 85 ans. Selon une première estimation pour 2024 encore provisoire, les taux de mortalité associés à ces deux grandes causes de décès seraient en légère baisse.
Enfin, la mortalité par maladies respiratoires hors Covid se hausse sur la troisième marche (7,4 %) – les décès par Covid étant en 10e position – et revient depuis 2022 à des niveaux pré-pandémiques. Les maladies endocriniennes, digestives et génito-urinaires (respectivement 8e, 7e et 11e places) poursuivent la tendance à la hausse de ces dernières années, « potentiellement liée à des chocs induits par la pandémie (prise en charge retardée, difficultés d’accès aux soins, changements dans les comportements, voire dans l’offre de soins) », même si elles commencent à imprimer une légère baisse en 2023. Enfin, bien que Santé publique France ait rapporté une hausse des passages aux urgences et hospitalisations pour gestes suicidaires et automutilations, les auteurs notent que le suicide est en recul par rapport à 2022 et comparable à la tendance 2015-2019.
Chez les enfants, les causes externes, majoritairement des accidents, sont la première cause de mortalité (30 %), suivies des tumeurs (17 %), essentiellement des leucémies. Les tendances de 2023 sont similaires à celles décrites jusqu’en 2017. Plus de la moitié des décès d’enfants de moins d’un an concerne une affection dont l’origine se situe dans la période périnatale et près d’un sur cinq est dû à une malformation congénitale ou une anomalie chromosomique.
*Dress : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques **CépiDc-Inserm : Centre d’épidémiologie des causes médicales de décès de l’Inserm
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