Comme chaque année, Santé publique France publie les données épidémiologiques de la tuberculose liées au taux de déclarations obligatoires. Si cette incidence est en baisse quasi-continuelle depuis de nombreuses années, en 2020, le nombre de cas a chuté de façon significative.
Au cours des trente dernières années, la baisse du nombre de cas de tuberculose a baissé annuellement d'environ 1,7 %. Mais l'an passé, cette diminution a été beaucoup plus marquée atteignant - 10 %, indique l'agence dans un communiqué: « 4 606 cas de tuberculose ont été déclarés soit un taux de déclaration de 6,8/100 000, contre 5 116 cas et 7,6 cas/100 000 en 2019 ».
Constat identique de l'OMS
On sait que la forte baisse de l'incidence de la tuberculose en France, d'ailleurs constatée dans presque tous les pays par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme l'European Center for Disease Prevention and Control (ECDC), est liée à la pandémie du Covid-19 et aux différentes dispositions qui en ont découlé. « Les explications que nous pouvons livrer ne sont pour l'heure que des hyptohèses, avance le Dr Jean-Paul Guthmann, épidémiologiste, coordinateur du programme de surveillance de la tuberculose à Santé publique France. La première est une baisse de la transmission du bacille liée aux mesures barrières et de distanciation sociale. Cet élément est cependant très discuté car du fait du confinement, on a identifié des mini-clusters familiaux de tuberculose en raison de la proximité entre les individus dans un même foyer ».
La deuxième hypothèse avancée par Jean-Paul Guthmann est une baisse des diagnostics, les patients malades n'ayant pas forcément consulté dans le contexte de surcharge des hôpitaux que l'on a connu, de la crainte des risques de transmission du Sars-CoV-2, etc. Par ailleurs, les Centres de lutte anti-tuberculeuse (CLAT) très occupés par des actions contre le Covid, ont fait moins d'investigations pour rechercher des cas de tuberculose secondaire après qu'un diagnostic ait été posé.
Une troisième hypothèse est une baisse des déclarations des cas de tuberculose effectuées principalement par les praticiens hospitaliers mais qui ont été très occupés par la surcharge de travail liée à la pandémie.
Crainte de cas de tuberculose à des stades avancés
« À l'avenir nous allons bien sûr suivre les données épidémiologiques de la tuberculose, explique le Dr Guthmann, mais comme pour beaucoup d'autres pathologies, notre crainte, d'ailleurs aussi énoncées par l'OMS, est d'identifier des cas de tuberculose à des stades avancés, avec pour conséquence une augmentation de la mortalité liée à cette maladie, mais aussi une élévation des cas de transmissions du bacille ».
Pour l'heure Santé publique France note que les tuberculoses multirésistantes sont passées de 75 en 2019 à 67 cas en 2020. Les formes graves de l’enfant (méningées ou miliaires) sont stables (9 cas en 2020 contre 10 en 2019) et sont conformes aux prédictions effectuées lors de la suspension de l’obligation vaccinale BCG (en 2007), indique l'agence.
Forte hétérogénéité sociale et régionale
Enfin l'agence indique qu'en 2020, comme dans les années précédentes, l'incidence des cas de tuberculose demeure très hétérogène selon les populations, étant plus haute chez les personnes sans domicile fixe (170 cas pour 100 000 habitants), les personnes nées hors de France (34 cas pour 100 000 habitants), et parmi les détenus (64 cas pour 100 000 habitants).
Il existe également une forte hétérogénéité selon les régions. C'est en Guyane que l'incidence est la plus élevée avec 22,5 cas pour 100 000 habitants. Puis viennent Mayotte (15,1 cas pour 100 000 habitants) et l'Île-de-France (14,3 cas pour 100 000 habitants). « En Guyane et en Île-de-France où l'incidence est très au-dessus de la moyenne nationale depuis de nombreuses années, on a noté une baisse en 2020 », précise le Dr Jean-Paul Guthmann.
La région parisienne cumule à elle seule 38 % de tous les cas en France. La Seine-Saint-Denis est le département de France le plus affecté par la tuberculose (23,8 cas pour 100 000 habitants).
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