Sur le lien entre mauvaise qualité de l'air et mauvaise santé, les preuves s'accumulent. La dernière en date émane d'un rapport de la Banque mondiale rendu public jeudi. A sa lecture, on apprend que la pollution atmosphérique est devenue le quatrième facteur de décès prématuré dans le monde. La pollution de l'air ambiant a tué 2,9 millions de personnes en 2013. Et, si l'on y ajoute les effets de la pollution dans les foyers, notamment ceux de l'utilisation de combustibles solides pour se chauffer et cuisiner, le nombre de morts s'élève à 5,5 millions. Un chiffre qui avait déjà été avancé par une étude américaine en février dernier.
Maladies cardiovasculaires, cancers des poumons, maladies pulmonaires chroniques, infections respiratoires... Les pathologies causées par la pollution de l'air sont donc responsables d'un décès sur dix dans le monde: six fois plus que le paludisme ! Et quelque 87% de la population sur la planète est plus ou moins exposée à cette pollution.
Ces pertes en vies humaines sont aussi synonymes de manques à gagner, selon les calculs de la Banque mondiale. Ainsi l'étude évalue que les pertes de revenus du travail imputables à ces décès se sont chiffrées à environ 225 milliards de dollars en 2013. Plus largement, cette pollution provoque des pertes en terme de bien-être totalisant 5.110 milliards de dollars, affirme la Banque mondiale.
L'Asie de l'Est compte 2,2 millions de décès dus à la pollution extérieure (air ambiant) comme intérieure (pollution du foyer), suivie par l'Asie du Sud (1,8 million), puis l'Afrique sub-saharienne (605.000). Mais en Europe et l'Asie centrale, un demi-million de personnes meurent à cause de la pollution, et 100.000 aux Etats-Unis.
En 2013, les plus fortes concentrations de particules fines dans l'air (inférieure à 2,5 micromètres, qui pénètrent dans les alvéoles pulmonaires) ont été relevées en Afrique du Nord et au Moyen-Orient du fait de poussières minérales portées par les vents, et en Asie du Sud et de l'Est, relève la Banque mondiale. Sans surprise, les experts désignent évidemment "l'Est de la Chine et le Nord de l'Inde" où ces particules nocives émanent "de multiples sources, allant des centrales au charbon au brûlage à des fins agricoles en passant par les transports et l'utilisation de combustibles solides dans les foyers".
Par pays, vu la concentration de la population, les plus hauts taux d'exposition à ces fines particules sont intervenus en 2013 en Mauritanie, en Chine et en Arabie saoudite. Les pays aux plus faibles taux d'exposition à ces particules sont l'Australie et la Norvège ainsi que dans les îles du Pacifique et des Caraïbes. Pour ce qui est de la France, une récente étude menée par Santé Publique France et publiée en juin avait établi que la pollution de l'air y était responsable de 48.000 décès par an, dont les deux tiers étaient évitables.
Par catégorie de population, ce sont les plus jeunes et les plus âgés qui sont les plus fragiles. La pollution de l'air est ainsi responsable de 5% des décès des moins de cinq ans et de 10% de ceux qui ont plus de 50 ans, relève l'étude. Le taux de mortalité à cause de ce facteur est plus important parmi les hommes (85 pour 100.000) que parmi les femmes (68 pour 1000.000).
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