Faire d’une pierre... trois coups ! Afin d’améliorer le dépistage du VIH et des hépatites B et C certains proposent de coupler systématiquement la recherche des trois virus. Cette stratégie de « tir groupé » pourrait être payante en médecine générale, comme en témoigne une étude publiée aujourd’hui dans le dernier BEH (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire.
66 généralistes « pilotes »
Dans ce travail mené auprès de 66 médecins généralistes de Gironde et du Nord , un dépistage conjoint VIH/VHB/VHC (sérologie VIH, sérologie VHC, Ag HBs, anticorps anti-HBs et HBc) devait être systématiquement proposé à tout consultant majeur si au moins un des trois tests n’avait jamais été effectué. En cas d’antécédent de dépistage, la proposition de test était orientée par les signes cliniques ou l’exposition potentielle aux virus.
L’expérience, qui a duré une semaine, s’est avérée plutôt concluante, avec une augmentation du nombre de test de dépistage prescrits y compris dans les populations à risque. Parmi les 3 566 consultants reçus, 2 424 (68%) présentaient une indication de dépistage. Dans cette population cible, un dépistage conjoint a été proposé dans 73% des cas. Quand il était proposé, le test était réellement prescrit dans près de 77% des cas ; la non prescription étant le plus souvent motivée par le refus du patient (15% des consultants).
Un levier pour améliorer les pratiques
Au total, « le nombre médian de tests prescrits par le médecin généraliste a augmenté significativement entre la semaine précédent l’étude et la semaine de dépistage, résument les auteurs (C. Fagard et al.), passant de 2 à 16 tests pour le VIH et de 1 à 17 tests VHB/VHC (p < 0,001) ».
Cette amélioration des pratiques se vérifie y compris dans les populations à risque. Ainsi, la proposition de test VIH augmente après l’étude dans des situations telles qu’un changement de vie affective (de 65% à 82%) ou lorsque le consultant est originaire d’un pays à forte endémie (de 64 à 88%). L’évolution des pratiques est également observée pour le dépistage du VHB avec une augmentation des propositions de test aux personnes en situation de précarité (de 47 à 73%) ou originaires d’un pays à forte endémie (de 62 à 88%, p=0,0009). Les généralistes proposent également plus fréquemment le dépistage du VHC, d’après l’étude, lorsqu’une personne a subi un acte chirurgical ou invasif (de 34% à 58%, p=0,001), un tatouage ou un piercing (de 42 à 61%, p=0,01).
TROD et campagne de dépistage ponctuelle ?
En revanche, une fois proposé et prescrit, le test n’est finalement réalisé que dans 38% des cas. «Ceci nécessite de mettre en place de nouvelles alternatives à la prescription d’un test au laboratoire, en particulier lorsqu’il n’y a pas d’indication à réaliser un bilan sanguin régulier » analysent les auteurs, pour qui l’utilisation de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) « pourrait être une alternative au prélèvement au laboratoire, la proposition de test ayant été auparavant faite par le MG ».
[[asset:image:1846 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["BEH N\u00b0 21-22 - 8 juillet 2014"],"field_asset_image_description":[]}]]Autre bémol : dans cette étude, les MG participants étaient tous « motivés, sensibilisés aux thèmes du VIH et des hépatites » et avaient bénéficié d’une formation spécifique. Par ailleurs, l’expérience n’a durée qu’une semaine et les bons résultats observés ne sont pas forcément reproductibles au long cours, certains généralistes ayant exprimé leurs réticences à proposer ce type de dépistage sur une plus longue période, évoquant le manque de temps et la difficulté d’associer médecine préventive et activité de soin. « Ceci est peut-être en faveur de la faisabilité d’une action de dépistage généralisé ponctuelle, comme récemment réalisé par exemple au Royaume-Uni sous la forme d’une semaine nationale du dépistage VIH » concluent les auteurs.
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