« Compétents », « courageux », « sympathiques », « à l’écoute »... Les principales professions libérales de santé conservent une exceptionnelle popularité auprès des Français (avec une moyenne de 91 % de bonnes opinions – 95 % pour les infirmières, 91 % pour les généralistes, 87 % pour les spécialistes ou 86 % pour les dentistes), selon le dernier baromètre santé Odoxa*, dévoilé aujourd'hui.
Cette excellente image est partagée par les libéraux de santé eux-mêmes (interrogés dans un échantillon spécifique) : 90 % déclarent avoir une bonne opinion des généralistes et 87 % des spécialistes.
Rapports difficiles avec les pouvoirs publics
Pour les Français toujours, cette excellente image (globale et détaillée) s’explique surtout par les bonnes relations entretenues par ces libéraux de santé avec leurs patients (89 %) mais aussi entre eux (86 %). En revanche, les relations des libéraux de santé avec les hôpitaux et cliniques sont jugées un peu moins bonnes par les Français (76 %) et nettement pire avec les pouvoirs publics (une majorité de la population estimant que ces rapports sont mauvais). Interrogés sur ce point, 82 % des médecins généralistes estiment eux-mêmes avoir de mauvaises relations avec les pouvoirs publics, selon Odoxa.
Même si trois quarts des Français seraient prêts à conseiller à leurs enfants de devenir médecin, une majorité d'entre eux (55 %) considèrent que le prestige de ce métier s’est plutôt détérioré depuis dix ans. Les professionnels de santé eux-mêmes partagent ce sentiment : 74 % pensent que le prestige des médecins s'est abîmé sur cette décennie. Et lorsqu'on sonde uniquement les généralistes, 96 % jugent que leur image de leur profession s'est dégradée…
Conservateurs
Bien que très appréciés, les professionnels de santé sont jugés peu réceptifs aux réformes. Pour les Français, 56 % des médecins libéraux ont même tendance à « s'opposer systématiquement à tout changement ». Sur ces bases, 70 % des Français jugent les médecins « corporatistes », et 66 % les voient « conservateurs ».
Or, en matière de réformes, les Français sont prêts à aller loin : autoriser les infirmières à vacciner sans prescription du médecin (69 % de Français favorables contre seulement 57 % des médecins), voire à prescrire directement certains médicaments comme des antalgiques ou antiseptiques (63 % disent oui contre 41 % des médecins), étendre aux pharmaciens la vaccination sans prescription (53 % de favorables) et mettre en place des pratiques avancées pour les paramédicaux (67 %).
Concernant l'accès aux soins, sujet sensible, les Français plébiscitent les mesures incitatives comme la création des maisons de santé dans les zones déficitaires (86 %), les primes à l’installation (81 %) ou la collaboration libérale et le travail en réseau (74 %). Mais attention : 62 % jugent aussi convaincante l'idée de « déconventionner les médecins qui s’installeraient dans les zones surmédicalisées » ou de « ne pas prendre en charge une partie de leurs cotisations sociales » dans ces secteurs. En revanche, l'idée d'imposer une affectation autoritaire pendant les 10 premières années d'exercice ne convainc guère (50 % jugent cette piste assez pertinente).

Les Ordres à l'épreuve
Face aux réformes, les Français estiment que les différents Ordres jouent leur rôle pour défendre les professionnels concernés (83 %) et pour veiller à l'éthique (75 %). Mais 71 % de la population juge aussi que ces mêmes Ordres (médecins, infirmiers, pharmaciens) « protègent trop les privilèges corporatistes » de leurs ouailles.
Paradoxalement, les trois quarts des professionnels de santé pensent que leurs Ordres les représentent assez mal... Chez les médecins, ce jugement négatif est toutefois moins marqué : 62 % des généralistes et 69 % des spécialistes trouvent que leur institution ordinale ne les représente pas de façon satisfaisante. Ce fossé doit alerter alors que les Ordres ont un rôle majeur à jouer, y compris dans l'appropriation des réformes en cours comme la recertification.
* Sondage en partenariat avec Orange, nehs, Asip Santé, Sciences Po, le Figaro santé et France Inter. Trois échantillons interrogés (en septembre et octobre) par Internet : 996 Français (méthode des quotas), 3 003 européens (Français, Anglais, Espagnols, Allemands et Italiens) et 697 professionnels de santé (médecins, infirmiers, aides soignants, sages-femmes, masseurs kinésithérapeutes, pharmaciens et dentistes).
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