« À l'échelle européenne, la France est mal classée en matière de gestion des maladies chroniques et de perte d'autonomie. Les Français se situent, en effet, parmi les derniers en Europe pour le temps passé en grande dépendance », souligne le Pr Olivier Guérin (CHU de Nice).
Ce statut de « mauvaise élève » la France le doit, en grande partie, à des problèmes d'organisation du système de santé.
Relier la ville à l'hôpital
Le nécessaire virage vers l'ambulatoire n'est, en effet, possible que si la ville s'organise pour prendre en charge les seniors, de manière holistique. « Le numérique permet une mise en relation plus efficace de l'ensemble des acteurs du système sanitaire et social. Le dossier médical partagé, par exemple, permet un meilleur partage d'informations entre les professionnels de santé de ville et ceux de l'hôpital. Par ailleurs, pour qu'une personne âgée puisse rester à domicile en toute sécurité, il faut que son médecin traitant la suive de façon continue. Aujourd'hui, beaucoup d'outils numériques, déjà sur le marché et éprouvés, peuvent être utilisés dans ce sens », assure le Pr Guérin. Exemple : les pèse-personnes connectés. Dans l'insuffisance cardiaque, notamment, la pesée quotidienne (ou tous les deux jours) du patient seul à domicile permet au médecin traitant de détecter une prise de poids rapide, signe d'une inflation hydrosodée. « Cela signifie que le patient présentera un œdème aigu du poumon dans les jours suivants. Le pèse-personne connecté permet ainsi d’anticiper les épisodes de décompensation et d'optimiser la gestion de la pathologie chronique. », explique le Pr Guérin. Néanmoins, il existe un frein majeur à la prévention de la grande dépendance réalisée en ville : « la tarification à la consultation ne permet pas aux médecins traitants d'avoir une vision continue de la (des) pathologie(s) des patients âgés de manière à limiter leurs accès à l'hôpital. Il faudra, à l'avenir réfléchir à un nouveau modèle de rémunération », précise le Pr Guérin.
Un laboratoire vivant dédié au numérique
Pour accompagner le changement vers le numérique en vue de la prévention de la perte d'autonomie, la ville de Nice s'est dotée d'un « living lab ». Conçu et équipé comme une maison, ce laboratoire vivant, baptisé 27 Delvalle, est un démonstrateur de l'innovation numérique ayant pour but d'accompagner les citoyens et les professionnels de santé vers les changements en matière de prévention de la dépendance. Parmi la multitude d'innovations, ce « living lab » présente, par exemple, Infini connect (Homeness). Sous la forme d'un médaillon, ce compagnon connecté de téléassistance est doté d’une commande vocale permettant aux seniors d’organiser des services pour améliorer leur autonomie à domicile et à l’extérieur. C’est aussi un mini-téléphone fonctionnant dans toute l’Europe (sans surtaxe) pour être joignable à chaque instant. Infini connect permet également la géolocalisation du senior en temps réel. « Dans notre « living lab », tous les outils numériques sont conçus par les usagers, les professionnels de santé et les industriels afin de répondre aux enjeux de prévention de la dépendance de manière optimale », conclut le Pr Guérin.
D'après un entretien avec le Pr Guérin, CHU de Nice
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