« Aujourd’hui, les réseaux sociaux prennent une place de plus en plus importante dans le monde médical comme dans tous les autres domaines de la société. La question n’est plus de savoir si les médecins doivent ou non s’engager dans les réseaux sociaux mais plutôt comment s’y engager. Car nous sommes face à un mouvement inéluctable qui va nécessairement modifier les relations médecins-malades mais également les relations entre les praticiens et avec les institutions médicales ou scientifiques. Cela aura aussi un impact sur la formation initiale ou continue des praticiens et sur la diffusion des connaissances », souligne le Pr Francis Berenbaum.
La réflexion doit s’appliquer aux réseaux sociaux au sens large : blogs, Twitter, Facebook et toutes les nouvelles applications qui voient le jour dans le milieu médical. « On voit, par exemple, de plus en plus de réseaux ou de plates-formes qui visent à aider le médecin dans sa prise de décision thérapeutique. Réservés aux médecins, ces outils permettent de discuter de cas cliniques avec des confrères et des experts », indique le Pr Berenbaum, en soulignant également que les réseaux sociaux commencent à modifier les relations entre les médecins et les firmes pharmaceutiques. « L’information va beaucoup plus vite, elle est adressée de manière directe aux personnes qu’on souhaite sensibiliser. On voit également se développer des congrès virtuels avec des plates-formes permettant aux médecins d’intervenir dans des salles virtuelles pour présenter telles ou telles études ».
Cette évolution permet d’améliorer la diffusion des connaissances médicales Mais le Pr Berenbaum insiste aussi sur les limites des réseaux sociaux. « Par exemple, un congrès virtuel ne remplacera jamais un vrai congrès où ce qui se dit dans les couloirs est souvent aussi important que ce qui est présenté lors des sessions officielles. Il existe aussi un risque que ne circulent sur ces canaux que les travaux les plus spectaculaires ou les plus propices aux controverses. Or, bien souvent, les papiers importants ne sont pas ceux qui font polémique. Il faut donc prendre garde que cette accélération de la diffusion de l’information médicale ne se fasse pas au détriment de sa qualité ».
Cybercondrie
Selon le président de la SFR, les médecins doivent aussi tenir compte du fait que les patients sont désormais de gros utilisateurs de ces réseaux. « Et cela ne concerne pas uniquement les jeunes générations. De nombreux patients se ruent sur internet dès qu’un diagnostic est posé. C’est une bonne chose qu’ils puissent ainsi mieux s’informer mais il faut qu’ils soient capables de repérer les sources d’informations fiables et gérer avec prudence le recours aux forums médicaux où circulent souvent des informations inexactes ou anxiogènes. Certains patients deviennent hypocondriaques simplement en surfant sur le net. Il existe même des échelles de la « cybercondrie » pour mesurer cela », souligne le Pr Berenbaum, en insistant sur le rôle que doit jouer le médecin pour rétablir l’information et souvent rassurer son patient. « Mais les réseaux sociaux peuvent aussi avoir un intérêt réel dans l’éducation thérapeutique des patients, en particulier ceux atteints de pathologies chroniques. Des travaux ont montré cet intérêt dans les douleurs chroniques ou dans l’arthrose ».
Le Pr Berenbaum pointe une autre dimension, essentielle, à prendre en compte : celle du respect de la confidentialité des données pouvant circuler en ligne. « On commence à voir des procès aux États-Unis où des médecins sont poursuivis par leur hôpital-employeur à cause de problèmes de rupture de la confidentialité de données ayant circulé sur des réseaux sociaux. À mon avis, la règle principale que doit se donner le médecin est que toute information, circulant sur un réseau social, peut potentiellement être consultée par tout le monde ».
Enfin, le Pr Berenbaum souligne aussi l’intérêt des réseaux sociaux pour la recherche, notamment épidémiologique. « On peut voir apparaître une épidémie de grippe avant qu’elle ne soit visible à travers les consultations médicales, simplement via des mots clés, concernant les symptômes, tapés sur internet ou twitter. On voit aussi apparaître aux États-Unis des plates-formes, par exemple « www.Patientslikeme.com », où des patients peuvent s’inscrire et, de manière anonymisée, entrer toutes leurs données personnelles. Des bases de données peuvent ainsi être constituées qui permettent de refléter de manière formidable la vraie vie et qui intéressent de près les épidémiologistes ».
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