Un palliatif aux déserts médicaux

Si la mesure se veut un coup d’arrêt « aux abus », selon le locataire du Ségur, elle n’est pas au goût de tous les confrères. Le syndicat Jeunes Médecins regrette ainsi que, « comme souvent, ce sont malheureusement quelques abus qui conduisent à revoir des dispositifs pourtant utiles à tous ». Il voit surtout dans la montée en puissance de la pratique un palliatif à la désertification médicale. « Annoncer le déremboursement de la téléconsultation pour ces patients, c’est nier le fait qu’ils n’ont pas d’interlocuteur ni de suivi médical et c’est prendre le risque d’engorger davantage les urgences », anticipe Jeunes Médecins.

Un constat partagé par l’Union française pour une médecine libre (UFML). Si le syndicat du Dr Marty voit dans ce recadrage « un magistral coup de pied donné aux plateformes commerciales de téléconsultation et aux "cabines à fric" », il souhaite rappeler également au gouvernement que « les délais de consultation auprès du médecin traitant sont souvent peu compatibles avec la délivrance d’un arrêt de travail en temps et en heure ».

Des exceptions ?

Face aux critiques, François Braun réfute toute mesure punitive. « Pour se faire arrêter, il est toujours possible d’aller voir un médecin », se défend le ministre, arguant que ces arrêts de travail téléprescrits ne concernent pas davantage les zones sous-denses.

Le ministre de la Santé évoque toutefois quelques exceptions, « qui seront traitées au coup par coup ». « Par exemple, une personne âgée, qui vit en zone sous-dotée et n’a plus de médecin traitant pourra recourir ponctuellement à la téléconsultation s’il lui faut un arrêt de travail », imagine le ministre. Un cas (très) particulier annoncé au micro de « France Info », et qui ne figure pas, pour l'heure, dans le projet de loi du PLFSS.

« Les médecins ne sont pas des voyous ! »

Plus globalement, Jeunes Médecins déplore un climat de chasse aux fraudeurs, alors que 90 % des arrêts de travail « sont tout à fait justifiés », selon le syndicat. « Les arrêts de travail sont un droit et les médecins ne sont pas des voyous ! », s’exaspère Jeunes médecins. Lundi le ministère des Comptes publics concédait d’ailleurs que la pratique restait très marginale : « la téléconsultation représente 1 % des indemnités journalières des arrêts qui sont prescrits ».

Le PLFSS prévoit d’ailleurs d’accompagner cette régulation « d’une campagne nationale d’information auprès des patients et des médecins ». Les confrères pourront être contrôlés par l’Assurance-maladie et les plateformes devront informer patient et médecin de ces nouvelles restrictions.