Alors que les médecins réalisaient moins de 2 000 télé-expertises mensuelles il y a un an, cette pratique – qui permet à un médecin, généraliste le plus souvent, de solliciter à distance un confrère pour un avis médical rémunéré – frôlait déjà en août dernier les 10 000 actes par mois, selon l’Assurance-maladie.
« Un volume encore modeste, mais en très forte croissance », analyse Baptiste Truchot, fondateur de Omnidoc, plateforme de télé-expertise. Et la dynamique se confirme. Pour le seul mois de janvier 2023, cette plateforme a recensé quelque 17 000 télé-expertises. « D'ici à trois ans, nous pourrions arriver à des volumes équivalents à ceux de la téléconsultation », veut croire Baptiste Truchot.
Très peu utilisée depuis 2019 (malgré sa prise en charge par l'Assurance-maladie), la télé-expertise a commencé à percer à partir d'avril 2022 et la mise en application de l’avenant 9, qui a permis le déverrouillage de cette pratique en la rendant accessible à tous les patients. Surtout, cet avenant a fusionné les deux tarifs de télé-expertise (TLE) en vigueur pour s’aligner sur le prix le plus avantageux. Le médecin requérant touche 10 euros par demande (dans la limite de 4 actes par an pour un même patient), son confrère requis facture 20 euros par télé-expertise (dans la limite de 4 actes par an pour un même patient).
Les dermatos en tête des demandes
Avis sur une lésion dermatologique, un ECG ou l’introduction d’une antibiothérapie : « la pratique était déjà réalisée tous les jours dans les cabinets, par mail, par téléphone, mais sans rémunération », souligne Baptiste Truchot. Omnidoc met aujourd’hui en relation quelque 22 000 médecins et 50 établissements hospitaliers.
Sans surprise, les dermatologues sont les confrères les plus sollicités par les généralistes. À elle seule, la spécialité « concentre un tiers des télé-expertises » sur Omnidoc, détaille Baptiste Truchot. En seconde position, on trouve les cardiologues « très sollicités en libéral notamment », puis les endocrinologues, les ophtalmos et les rhumatologues.
Désormais, la pratique évolue aussi vers des demandes d'expertise de « troisième recours », « entre un pneumologue de ville et le service de pneumologie d'un CHU », illustre le fondateur d'Omnidoc. Existent aussi des requêtes depuis un CH vers un CHU. D’ici au mois d'avril, les infirmiers libéraux pourront à leur tour être rémunérés pour une demande d'avis médical à distance, auprès d’un généraliste par exemple.
Déploiement via les équipes de soins spécialisés
Alors que les délais d’accès au spécialistes s’allongent, le déploiement de la télé-expertise est poussé par l'Assurance-maladie. La Cnam souhaite par exemple faire sortir cette pratique du quota de 20 % d’actes réalisés au maximum à distance imposés aux confrères de ville (plafond qui va lui-même évoluer). L’Assurance-maladie se fixe aussi comme objectif d’accompagner le déploiement de la télé-expertise par le biais des équipes de soins spécialisés (ESS).
« Nous avons une dizaine de projets d’ESS », confirme Baptiste Truchot, à l'instar OncoBreizh qui rassemble en Bretagne 35 dermatologues libéraux mobilisés à tour de rôle sur la plateforme pour fournir un avis en cancérologie cutanée. Ou encore « SOS œil », cette ESS des Hauts-de-France qui est dédiée aux soins non programmés en ophtalmologie et financée par l’ARS.
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