La téléconsultation s'ancre chez les psys

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Publié le 14/04/2023
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Les psychiatres se sont emparés de la téléconsultation depuis la pandémie. Un outil adapté au suivi au long cours mais qui requiert des précautions.

Les psychiatres sont parmi les champions de la téléconsultation. En 2021, sur les 5,1 millions de consultations en psychiatrie générale de ville, 1,2 million ont été réalisées à distance, soit 19,5 % de l’activité globale des psychiatres libéraux. 

Avec des consultations sans examen physique, la spécialité semble toute trouvée pour cette pratique en vidéo. Au début « réticente », la Dr Charline Richards, psychiatre en exercice mixte dans un cabinet lillois et au CH de Calais, s’est lancée dans la visio il y a plus d’un an. Après avoir déménagé à Lille, elle souhaitait continuer à suivre ses patients calaisiens. « À Calais, le délai d'attente pour un premier rendez-vous en psychiatrie monte jusqu’à 10 mois, je ne savais pas où orienter mes patients, je n’ai eu aucune réponse de l’ARS », a-t-elle raconté lors d’un webinaire organisé par la société de télémédecine Medaviz fin mars. Elle décide donc de continuer le suivi d'une partie de sa patientèle à distance. « Aujourd’hui je ne pourrais pas faire sans, à la fois pour gagner du temps mais aussi garantir l’accès au soins », témoigne-t-elle.

Si la psychiatre lilloise suit de nombreuses pathologies en visio, elle « préfère voir le patient d’abord en présentiel ». Autre mise en garde, notamment pour les personnes en crise suicidaire : « Il faut toujours penser à prendre l’adresse du malade, pour faire intervenir rapidement les secours ».

La téléconsultation s’est révélée aussi un moyen de communication efficace avec ses collègues, par exemple pour aider un confrère à adapter une posologie d'antidépresseurs. « J’ai déjà fait des téléconsultations doubles avec un généraliste qui souhaitait avoir un avis sur un cas patient compliqué », raconte la psychiatre. « Mais toujours en demandant le consentement du patient », souligne la spécialiste qui met un point d’honneur à garantir la confidentialité des échanges. « Il faut également éviter les abus de patients qui veulent consulter dans leur lit en pyjama ou en faisant leurs courses… J’exige le même respect qu’en cabinet », insiste-t-elle. « Attention enfin à ne pas dépasser les 20 % de prise en charge en téléconsultation », met en garde le Dr Nicolas Camus, directeur médical de Medaviz. Ce quota d’actes à distance pourrait toutefois être relevé dans le futur règlement arbitral qui fera office de convention médicale.

L.G. 

Source : Le Quotidien du médecin