Si, en ville, la part de téléconsultations plafonne autour de 3 % – après avoir atteint des pics à 27 % pendant la pandémie – difficile encore d’appréhender la pénétration hospitalière de la télémédecine. Doctolib affirme accompagner 10 millions de patients à l’hôpital et 60 établissements. La plateforme bretonne Medaviz en revendique 180. Mais, « nous ne connaissons pas les chiffres, puisqu’il n’existe pas de distinction entre les téléconsultations qui partent de l’hôpital et celles qui viennent de la ville », a précisé le Dr Pierre Simon, néphrologue et ancien président de la Société française de télémédecine, lors d’une conférence organisée par Medaviz.
« C'est au tour des établissements de réaliser leur transition digitale », invite Stéphanie Hervier. La cofondatrice de Medaviz prend l’exemple de sa collaboration avec deux hôpitaux des Yvelines, « où les urgences pédiatriques étaient saturées par l’épidémie de bronchiolite ». Si aucune urgence vitale n’est constatée chez l’enfant à son arrivée à l'hôpital, l’établissement propose une téléconsultation assistée d’une aide-soignante, dans une petite salle à part. « C’est un parcours fléché vers des pédiatres du département », explique Stéphanie Hervier.
Impliquer la ville
Dans les établissements, « les professionnels sont déjà partants », affirme Denise Silber, fondatrice de Basil strategies consultants, sur la foi d’une enquête réalisée en 2021 auprès des GHT, sous l’égide de la Fédération Hospitalière de France. 96 % des GHT exploitent au moins une solution de télésanté, dans 92 % des cas de la téléconsultation. Mais les hospitaliers posent toutefois leurs conditions : 90 % d’entre eux estiment qu’un projet de télésanté ne doit pas se faire sans impliquer la médecine de ville. « Par ailleurs, l’un des bénéfices les plus attendus est l’amélioration de la relation-patient, et pas forcément un gain de temps médical », commente Stéphan Haaz, directeur général adjoint du Catel, incubateur de communautés e-santé.
Médecin coordinateur HAD à l'AP-HP, la Dr Maya Gutierrez définit, pour sa part, la découverte de la télémédecine comme « une révélation » au service du patient. Avec l’institut Curie, elle a notamment développé une expérimentation de télésurveillance des patients sous thérapie orale du cancer. « Il m’était impossible de laisser ces patients se déplacer, avec parfois jusqu’à 4 heures de trajet et 2 heures d’attente pour une consultation de 15 minutes », justifie l’oncologue.
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