« Au début, les téléconsultations avec les personnes âgées étaient déconcertantes pour tout le monde… Mais finalement je n’y ai vu qu’humanité et attention ! », souligne Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire. Lancé depuis 2019, le déploiement des projets de télésanté dans les Ehpad de Mayenne porte ses fruits. Les téléconsultations limitent les déplacements de résidents fragiles et optimisent le temps médical. Les télé-expertises apportent un gain de temps aux spécialistes, qui peuvent « réserver » les consultations en présentiel aux situations les plus critiques et aux patients fragiles.
À l’initiative de l’ARS, de la Région, du conseil départemental, de la CPAM de Mayenne et du GCS e-santé, la quasi-totalité des Ehpad ont intégré la télésanté dans leurs pratiques (50 établissements, soit 83 %) ou sont en cours de déploiement (9 structures, 17 %). Coût du projet : 360 000 euros (financé par l’ARS, la Région et le département).
Cardiologie, gériatrie, dermatologie et suivi des plaies et cicatrisation : quatre spécialités ont été identifiées comme prioritaires pour renforcer le lien entre les résidents des Ehpad et les spécialistes du département. Au premier semestre 2022, « 670 téléconsultations de résidents » ont été réalisées sur la plateforme régionale de télésanté. Au total, pas moins de 650 professionnels peuvent se connecter sur l’outil – dont un tiers de médecins. Et près de 250 télé-expertises ont ainsi été réalisées, par exemple entre le médecin coordinateur d’un Ehpad et l’un des quatre centres hospitaliers associés (CH de Laval, du Nord-Mayenne, du Haut-Anjou et le pôle d’expertises du CH d’Ernée).
Moins d'angoisse
« C’est souvent dans les régions où l’accès aux soins est le plus menacé que se lancent les solutions les plus innovantes », se réjouit Olivier Richefou, président du conseil départemental de la Mayenne. Entre février et mars 2022, il a organisé des états généraux de la santé en Mayenne « et la télésanté est ressortie parmi les axes de partenariat ville/hôpital », se souvient-il. Selon lui, la gériatrie « est un très bon domaine d’expérimentation car elle permet le travail pluridisciplinaire, en concertation ».
Cheffe du pôle gériatrie du CH du Haut-Anjou, la Dr Nadine Collet loue cette expérimentation. « Le plus souvent, nous sommes sollicités sur des questions liées au trouble du comportement. Nous donnons notre expertise grâce à un binôme médecin et infirmier. Ça évite le déplacement du résident, source d’angoisse », explique la gériatre, qui apprécie notamment « les télé-expertises et téléconsultations synchrones ».
« Ces petites victoires sont autant de chances pour les patients », se félicite Jean-Jacques Coiplet (ARS) qui souhaite élargir cette initiative aux champs du handicap pour 2023. « Désormais, il faut qu’on recrute le maximum de médecins libéraux », espère le directeur de l'ARS. Le déploiement de nouveaux usages en médecine générale ou spécialisée est à l’étude (médecine physique de réadaptation, néphrologie, diabétologie, soins palliatifs), en privilégiant les ressources expertes du territoire.
En Mayenne, 12 500 téléconsultations ont été remboursées sur le premier semestre 2022. « C’est à peu près le même ordre de grandeur que les visites à domicile », note la directrice de la CPAM de Mayenne, Caroline Bonnet, qui voit la pratique comme « un complément utile » mais qui pousse surtout à davantage de « pratiques locales grâce aux organisations territoriales de télémédecine », le tout en interpro.
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