Les réactions de la profession sont unanimes. Depuis mercredi soir, syndicats de libéraux, ministère de la Santé ou Ordre des médecins saluent d’une seule voix la décision de Doctolib de déréférencer 5 700 praticiens « bien être », non réglementés. D’ici à avril 2023, naturopathes, hypnothérapeutes non médicaux, psychanalystes, étiologues ou autres réflexologues n'auront plus leur place sur la plateforme, alors qu’une polémique avait éclaté fin août sur la présence de ces praticiens douteux sur Doctolib.
Alors que le 22 septembre, l’Ordre des médecins avait rencontré les dirigeants de Doctolib sur le sujet, il accueille aujourd'hui « avec satisfaction » cette décision « au service des patients ». L’Ordre espère même que l’annonce de Doctolib fasse des émules chez ses concurrents et appelle les autres plateformes de rendez-vous « à répertorier exclusivement des membres des professions de santé réglementées », disposant d’un numéro RPPS ou Adeli.
Un collectif demande « un réveil de l’État »
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) se félicite également d’une « clarification » sur ces « pratiques alternatives et douteuses ». Pour le syndicat polycatégoriel, c’est aussi un bon signe que Doctolib envoie aux médecins face à l’urgence que représentait cette « confusion » des genres.
Au lendemain de l’annonce, les internautes qui avait lancé la polémique sur Twitter à l’été se sont aussi « réjouit d’une décision courageuse ». Le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, le Dr Alexander Samuel mais aussi le collectif lanceur d'alerte « l’extracteur » attendent désormais « un réveil de l’État » sur « ces fausses thérapies ».
Naturopathie, crudivorie… Ce collectif de médecins et citoyens fustige tout de go « l’escroquerie qui consiste à vendre des techniques ou des remèdes miracles censés faire mieux que la médecine », « l’éloignement, même temporaire, des parcours de santé qui entraîne des pertes de chances pour les patients » ou encore « l’emprise mentale exercée par certains praticiens qui peut donner naissance à des dérives sectaires ». Des pratiques charlatanesques qui se sont nourries de la désertification médicale « planifiée depuis des décennies, par les décideurs politiques au nom d’une vision économiste », selon eux.
Faire le ménage dans les MSP
Alors que le collectif enjoint l’État à agir urgemment contre « ce phénomène inquiétant », François Braun s’est lui aussi fendu d'un tweet. Le ministre de la Santé a salué sobrement la décision de Doctolib, qui va « dans le sens d’une plus grande clarté et lisibilité de l’information en santé des Français ».
La décision de @doctolib va dans le sens d’une plus grande clarté et lisibilité de l’information en santé des Français. La transparence nous engage tous, elle est au cœur de mon action.
— François Braun (@FrcsBraun) October 26, 2022
Enfin, les Libéraux de Santé (LDS) - qui regroupent les 11 syndicats des professionnels de santé libéraux - espèrent eux aussi que « le ménage » opéré par Doctolib, permette « de limiter drastiquement les dérives, qui favorisent l’errance thérapeutique, et entraînent des pertes de chances pour les patients ».
Là encore, les libéraux veulent aller plus loin dans le contrôle des pratiques douteuses, notamment car certaines s’opèrent encore au sein même des maisons de santé. « Le contournement de la réglementation relative aux maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), permet aujourd’hui l’installation d’acteurs du bien-être aux côtés des professions de santé réglementées, et participe à la confusion », alertent ainsi les libéraux. Les confrères appellent donc l’exécutif « à revenir sur les textes actuels dans l’intérêt des patients ».
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