L’essayiste et économiste français Nicolas Bouzou est persuadé que le système de santé français s’apprête à vivre une « révolution copernicienne » avec les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).
« Nous entrons dans l’ère de transhumanisme*, et les nombreuses nouvelles thérapies ciblées contre le cancer vont avoir une incidence sur les prix. Les dépenses de santé vont exploser dans les prochaines années à un rythme de 10 % par an », a-t-il asséné mercredi 2 décembre, lors d’un débat organisé par le consultant Nile, à Paris.
Le système de protection sociale devra changer de modèle pour assumer cette évolution, prédit l’économiste. « Il faudra revoir ce qui doit être pris en charge par la solidarité et par l’assurance », a-t-il affirmé. Les sources de financement devraient se diversifier avec une place plus importante aux complémentaires santé, ajoute Nicolas Bouzou, convaincu qu’il faudra faire de ce changement « une chance ».
La santé, secteur d’avenir ?
L’économiste prédit une embellie pour l’emploi. « Le secteur de la santé est l’un de ceux qui recruteront le plus dans les prochaines années, s’avance-t-il. Les hôpitaux américains sont en train d’acheter massivement des robots chirurgicaux et anesthésistes. Ils rendent les opérations moins fatigantes et augmentent la productivité des praticiens. »
Cette robotisation n’aura pas d’incidence sur le nombre d’emplois mais devrait en modifier la structure, pronostique Nicolas Bouzou. Aux États-Unis, le recrutement des infirmières serait en hausse. « Il faut toujours quelqu’un pour mettre l’aiguille dans le bras », expose-t-il.
L’essayiste est – comme les médecins libéraux – opposé à la généralisation du tiers payant. « La santé a un prix, et son coût est de plus en plus élevé, il faut que chacun en ait conscience et participe à son financement. » Mais il invite la profession à s’engager davantage dans la réorganisation du système de santé.
Vers une médecine entrepreneuriale
« Ceux qui ne veulent rien changer, notamment chez les médecins, c’est du suicide », lance-t-il.
Nicolas Bouzou estime que les médecins devraient davantage promouvoir la délégation de tâches comme la vaccination par les infirmières. « Il est absurde de devoir aller se faire vacciner contre la grippe chez un médecin », déplore-t-il.
Dans ce nouveau modèle, le fondateur d’Asterès, une société d’analyse économique et de conseil, entrevoit une médecine libérale « entrepreneuriale » et encourage une multiplication des maisons de santé sur le territoire. Il plaide également pour le déploiement de la télémédecine. « C’est le meilleur moyen de combattre les déserts médicaux, conclut-il. S’installer dans un désert, ça n’intéresse pas les jeunes. On peut toujours essayer de les payer plus, ils n’iront pas. »
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