Parmi les différents types d'actes de télémédecine, la télédermatologie est sans doute un des domaines les plus prometteurs, comme le confirme encore une expérience régionale.
Le Dr Priscille Carvalho, dermatologue au CHU de Rouen, a lancé une expérimentation en 2014 baptisée projet TISSE. « Le nombre de dermatologues dans la région est inférieur de 20 % à la moyenne nationale, explique-t-elle. D'ici à 2030, une baisse de 32 % de ces spécialistes est attendue ». Pour prévenir cette menace de pénurie et éviter une perte de chance pour les patients, le Dr Carvalho a mis en place des plages de téléconsultation pour le diagnostic et suivi des pathologies des résidents des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de la région. La démarche est simple : le médecin traitant ou coordonnateur demande un rendez-vous par mail ou téléphone à la dermatologue. Le délai d'attente n'excède pas une semaine.
378 actes en 2016
Depuis le lancement, l'activité de télé-dermatologie est montée en puissance et 17 EHPAD sont entrés dans la boucle. En 2016, 378 actes de dermatologie ont été réalisés (contre seulement 92 en 2014). « 58 patients ont été déplacés pour des actes techniques et trois hospitalisations ont été nécessaires », précise-t-elle.
Le nombre de plages de télé-dermatologie a lui aussi augmenté. « Au début, je réservais une demi-journée par semaine, aujourd'hui si besoin, j'organise une plage tous les jours », précise la dermatologue. La téléconsultation aboutit à une proposition thérapeutique, le médecin traitant pouvant la prescrire immédiatement au patient.
Après quatre années d'expérience, le verdict est sans appel : les patients âgés isolés bénéficient d'un accès aux soins plus rapide, la prise en charge des cancers s'est améliorée, les échanges entre praticiens se sont intensifiés. Sans compter les économies réalisées sur les transports et la diminution des passages aux urgences dermatologiques.
Côté rémunération, le Dr Carvalho regrette la lenteur de la publication des textes réglementaires nécessaires. Au départ son activité n'était pas rétribuée, explique-t-elle. Il a fallu attendre le cahier des charges de la téléconsultation en 2016. « Nous pouvons désormais coter la téléconsultation, la rémunération pour un spécialiste est de 28 euros », précise-t-elle. À terme, le praticien souhaite inclure entre 10 à 15 EHPAD supplémentaires…
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes