Une minute pour chaque œil, tous les jours. Depuis le printemps 2020, Daniel Louis, atteint d’occlusion de la veine centrale de la rétine (OVCR) teste quotidiennement son acuité visuelle à travers l’écran de son smartphone. OdySight, une appli de télésurveillance, le relie à son ophtalmo situé à Paris au Centre hospitalier d’ophtalmologie des Quinze-Vingts.
En février 2020, ce patient de 65 ans voit subitement sa vue se dégrader. « Je regardais un match de rugby et mes yeux ont commencé à papillonner », se souvient-il. Malgré une téléconsultation, en pleine première vague, sa vision baisse rapidement, atteignant un dixième… « Je ne voyais même plus mon épouse dans le salon », raconte-t-il. Paniqué et dans l’impossibilité de réaliser une consultation physique, il se voit conseiller ce dispositif médical par son médecin. « C’était très rassurant psychologiquement, je savais que mon ophtalmo était derrière, qu’il ne m’oubliait pas », confie-t-il. De l’autre côté de l’écran, le Dr Jean-François Girmens était alerté par l’algorithme à la moindre anomalie via un tableau de bord relié à son patient.
Développée en partenariat avec des experts du jeu vidéo et des ophtalmos des Quinze-Vingts, dont le Dr Girmens, OdySight propose deux tests aux patients. L’un pour évaluer l’acuité visuelle de près, l’autre basé sur la grille d’Amsler, utilisée pour détecter le développement de scotomes et métamorphopsies dans le champ de vision central. « Nous avons réalisé des essais cliniques qui montrent que ces tests sur smartphone ont la même performance que les tests classiques », précise le Dr Girmens, qui télésurveille une quarantaine de patients.
Bénéfice clinique et organisationnel
Depuis son lancement en 2018, OdySight est déployé par plus de 300 rétinologues auprès de 3 000 patients, « en grande majorité atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge », souligne le Dr Girmens. Avantage, en cas de DMLA, « la baisse de vision peut être très tardive, donc la télésurveillance nous permet de repérer plus précocement ces dégradations », ajoute l’ophtalmologiste pour qui l’intérêt clinique s’ajoute aux bénéfices organisationnels. « Cela permet un changement de pratique : ne plus faire systématiquement déplacer le malade pour évaluer sa vision et libérer du temps médical », souligne le praticien.
Alors que les traitements de la DMLA ou de l’OVCR dépassent les 600 euros par injection, la télésurveillance permettrait également « d’adapter les doses, de savoir quand le patient doit revenir précisément et ainsi faire des économies », avance le Dr Girmens. Après 9 injections – assez espacées grâce aux tests OdySight – Daniel Louis continue à surveiller son acuité visuelle.
En cours d'examen, le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) pour 2022 doit généraliser dès 2022 le remboursement de ces dispositifs médicaux via un forfait versé aux praticiens réalisant ce suivi à distance. « Nous espérons faire partie des premiers dispositifs médicaux de télésurveillance remboursés dans la vision, espère le Dr Girmens. Il va falloir que cette pratique entre dans notre routine, mais le remboursement pourrait donner un peu de courage aux ophtalmos ! »
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