C’est désormais une certitude : avec le problème de désertification médicale, la télémédecine va prendre une place de plus en plus grande dans le système de santé au cours des prochaines années. « Notre spécialité est prête à relever le défi de la téléradiologie mais nous le ferons en développant cette pratique à distance dans le cadre d’un exercice de qualité et pas d’une simple prestation de services », indique le Dr Laurent Verzaux, vice-président de la FNMR et président du conseil de surveillance de la SFR.
Ce dossier est suivi de près par le Conseil national professionnel de la radiologie (G4) qui a élaboré une charte d’utilisation de la téléradiologie, dont certains éléments ont été repris dans un guide de la Direction générale de l’organisation des soins (DGOS). « Aujourd’hui, nous sommes face à une situation un peu paradoxale. On assiste d’une part à un développement à la fois trop rapide et pas toujours contrôlé de cette téléradiologie, ce qui ne permet pas d’optimiser l’utilisation de ces nouveaux outils par la profession. Et d’autre part, on constate un déploiement trop lent des possibilités offertes par ces outils d’avenir », indique le Dr Verzaux.
Pour celui-ci, la téléradiologie ne peut pas être réduite à la simple interprétation d’images adressées à distance, sans information sur l’indication de l’examen, ni protocolisation. « Le risque, alors, est d’avoir une incompréhension entre des manipulateurs radio qui vont faire un examen sans être vraiment pilotés par le radiologue. Et ce dernier, de son côté, va devoir interpréter les images sans connaître le contexte clinique, ni toujours les raisons pour lesquelles l’examen a été demandé. C’est un modèle qui peut convenir à certaines sociétés, prestataires de services, qui vont promettre, à des hôpitaux en manque de radiologues, des interprétations à distance rapides et pas chères. Mais ce modèle ne peut pas fonctionner. C’est ce qu’ont pu constater les Anglais. À un moment, ils envoyaient des scanners en Inde pour qu’ils soient interprétés par des radiologues certes compétents mais qui n’avaient aucune information pertinente sur l’indication de ces examens. Et les Anglais se sont rendu compte qu’ils étaient à côté de la plaque ».
D’après le Dr Verzaux, pour garantir l’efficience et la qualité de la téléradiologie, il faut une implication des radiologues. « Il s’agit d’un outil indispensable pour amener des compétences dans des hôpitaux qui n’ont plus suffisamment de radiologues. Mais il faut que cela soit fait de manière protocolisée pour que le bon examen soit adressé au bon spécialiste. On le sait, notre spécialité a connu depuis 30 ans, un large développement des surspécialités. Et le service médical rendu, tant au moment de la réalisation de l’examen que de son interprétation, est fonction de l’expertise du médecin radiologue à qui les images vont être adressées. La priorité est donc d’améliorer la qualité des indications, de la réalisation et de l’interprétation de ces examens faits à distance. C’est la défense de ces principes qui permettra de limiter les volumes d’examens afin qu’ils soient compatibles avec les capacités de prise en charge médicales et économiques », indique le Dr Verzaux.
D’après un entretien avec le Dr Laurent Verzaux, vice-président de la FNMR et président du conseil de surveillance de la SFR
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