Vétuste, insalubre, indigne... : le gouvernement ordonne la fermeture provisoire du Centre du don des corps à la science de Paris

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Publié le 28/11/2019

Crédit photo : S. Toubon

Le ministère de la Recherche a ordonné la fermeture administrative immédiate du Centre du don des corps (CDC) à la science de l'Université Paris-Descartes, après que « L'Express » a révélé des conditions de conservations indignes, au détriment de toute considération éthique. 

Une mission d'inspection, pilotée par les ministères de la Recherche et de la Santé, est diligentée en parallèle « pour établir la réalité des faits et la marche à suivre », avant une réouverture « dans les meilleures conditions », indique l'Université dans un communiqué.

L'Université Paris-Descartes « tient à présenter ses excuses aux familles sur cette situation » et indique qu'elle met en place un numéro, le 01.42.86.20.48, pour répondre à toutes les questions des familles de donneurs.

De son côté, le Parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour « atteinte à l'intégrité d'un cadavre », par le pôle santé publique du parquet. *

Conditions de conservation indignes et violation de l'éthique

« L'Express » affirme dans deux articles successifs que le plus grand centre d'anatomie européen fondé en 1953, conservait, jusqu'à « ces derniers jours », les dépouilles données à la science dans des conditions indignes : chambres froides non hermétiques, pannes à répétition, absence de ventilation, canalisations d'évacuation des eaux bouchées... La sécurité des conditions de travail du personnel n'aurait pas été garantie. Selon l'enquête de l'hebdomadaire, il y a eu « des corps empilés les uns sur les autres, sans aucune dignité et contrairement à toute règle éthique », notamment le respect de la dignité et de l'intégrité des cadavres.  

L'accès aux dépouilles était payant, pour des organismes privés de formation continue mais aussi pour les professeurs d'université. La tarification des corps (corps entier, 900 euros, membre seul, 400 euros) votée en 2011 par le Conseil d'administration de l'Université est défendue par Frédéric Dardel, alors président de l'Université (aujourd'hui conseiller de la ministre de la Recherche) : « Les corps représentent un coût marginal, il est normal que ceux qui les utilisent paient. Et les prix ne sont pas scandaleux. Tout ce qui est gratuit n'a pas de valeur », lit-on dans « L'Express ». « On joue sur les mots » rétorque toujours dans l'hebdomadaire le Pr Guy Vallancien, directeur du CDC de 2004 à 2014, affirmant qu'« il y avait du trafic »

En raison de la fermeture administrative, « il n'y a plus d'activités de dissection, mais le centre continuera d'assurer la prise en charge des dons en lien avec les familles », indique l'Université à l'AFP. Et d'admettre qu'« après plusieurs décennies d'activité, certaines installations sont devenues vétustes ». Un plan de rénovation, d'un montant de 7,5 millions d'euros, a été voté fin 2017 ; les travaux devraient prendre fin en 2023. L'Université précise enfin que les équipes seront renouvelées et les liens avec les acteurs privés, « clarifiés ».

*Précision ajoutée le 2 décembre 


Source : lequotidiendumedecin.fr