L’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) a attendu près de trois mois pour rendre public son rapport sur la politique française en matière de médicaments génériques. De quoi alimenter un peu plus les rumeurs sur l’efficacité des copies de médicaments princeps. Dans ce document de plus de 140 pages, l’institution se penche tout d’abord sur la qualité de ces produits. « Les travaux et études publiés démontrent globalement une absence de supériorité des princeps par rapport aux génériques », assure-t-elle. L’IGAS rappelle aussi que les excipients à effets notoires « sont utilisés dans la formulation de tous les médicaments, les princeps comme les génériques ».
Une politique volontariste
La politique française de développement de ces médicaments est décortiquée. « Bien que mise en place tardivement, les pouvoirs publics ont mené une politique volontariste », notent les auteurs. Ils observent cependant que le marché « s’essouffle progressivement depuis 2008 », et identifient un certain nombre de freins. Le rapport estime notamment que « le poids important des primo prescriptions hospitalières, le plus souvent pour des médicaments princeps, récents et onéreux, influence les comportements de consommation et de prescriptions en ville et rend plus difficile la substitution ».
Certains « leaders d’opinion » sont pointés du doigt. Selon l’IGAS, ils « installent durablement dans l’opinion un sentiment de suspicion à l’égard des génériques ». Enfin, l’IGAS constate que certains laboratoires pharmaceutiques ont mis en place des « stratégies de contournement », notamment par les « mee too ». Ces médicaments, qui ressemblent beaucoup à une spécialité tombée dans le domaine public, sont qualifiés de « fausses innovations, ayant pour objectif d’empêcher le développement des médicaments génériques du princeps initial ».
Un bonus malus pour les médecins
Pour relancer la politique du générique, l’IGAS formule quelques propositions. Le rapport propose tout d’abord de lutter contre les « mee too » qui freinent son développement, et suggère de baisser encore de 10 % le prix des génériques. Pour modifier le comportement des médecins, l’IGAS est plus radicale et préconise la mise en place d’un système de bonus-malus. Dans ce cadre, les praticiens « ayant un faible taux de prescription dans le répertoire seraient pénalisés financièrement ». Le rapport propose aussi de rendre obligatoires les logiciels d’aide à la prescription. Plus généralement, et pour aider à lever le soupçon, l’IGAS suggère de « renforcer les procédures d’inspection des centres réalisant les études de bioéquivalence et des exploitants de médicaments génériques ».
Dans un communiqué, le GEMME (une association qui fédère les fabricants de génériques) se félicite que « le rapport réaffirme sans équivoque la qualité et la sécurité de ces spécialités, qui bénéficient des mêmes exigences en terme de contrôle et de surveillance que les médicaments princeps ».
La publication du rapport de l’IGAS coïncide avec celle d’un rapport de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) sur le même thème. Il conclut que le générique obéit aux mêmes règles que le princeps : mêmes procédures d’obtention de l’AMM, mêmes exigences permettant la démonstration de la qualité et de la stabilité du produit, mêmes obligations en matière de pharmacovigilance.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité