Les Britanniques sont particulièrement fiers de leur système de santé, le NHS, et le qualifient souvent de meilleur service public au monde. Mais alors que le « joyau national » était déjà fragilisé par la pénurie d’effectifs et une pression croissante, les conséquences du coronavirus amplifient ses difficultés.
Réputé pour délivrer des soins gratuits aux Britanniques, le NHS voit les listes d’attente pour des opérations mineures s’allonger inexorablement. « Plus de 111 000 personnes attendent depuis plus d'un an pour recevoir des traitements hospitaliers de routine, se désole Tim Gardner, chargé des questions de politique au sein de la Health Foundation, un organisme indépendant. Les données officielles ne sont que la pointe de l'iceberg car de nombreux patients n’ont pas osé prendre rendez-vous avec leur médecin généraliste pendant le confinement. » Fin août déjà, plus de 4,2 millions de patients attendaient de pouvoir débuter un traitement selon le service statistique du NHS. Seuls 53 % des patients ont pu commencer leur protocole de soins hospitaliers sous 18 semaines alors qu’en temps normal, c’est le cas pour 92 % des malades.
Dans ce contexte, un nombre croissant de Britanniques se tournent vers le système privé, quitte à assumer leurs frais de santé. « L’autofinancement des soins est en croissance, nous avons vu doubler le nombre de procédures pour les opérations de la hanche et de la cataracte, explique un porte-parole de HCS Healthcare UK, un groupe d’hôpitaux privés. Nous avons aussi observé une hausse des opérations de chirurgie ambulatoire en gastroentérologie, ORL et cardiologie. Les patients viennent également dans nos hôpitaux londoniens de plus loin que la normale, en particulier du sud et du sud-ouest de l'Angleterre. »
Le Dr Kaveri Sameer, interne dans un cabinet de la région de Nottingham et membre de la commission des généralistes de la Doctors’ Association du Royaume-Uni (DAUK), a pu observer cette transition vers le privé à l’échelle de son propre cabinet. « Nos patients veulent savoir ce qu’il en est de leurs futures opérations, explique-t-elle. Il ne s’agit pas de cas d’urgence mais de traitements qui ont un fort impact dans leur vie quotidienne, comme une opération du genou. Ils nous demandent de leur faire des ordonnances pour se faire soigner… dans le privé. »
Santé à deux vitesses
Certes, le phénomène de transfert vers le secteur privé n’est pas nouveau mais il s'accélère avec l'épidémie de Covid-19 qui accentue la pression sur le NHS. Et dans le débat public, la question de l'émergence d'un système de santé à deux vitesses entre les patients capables de payer leurs opérations et les publics plus précaires, obligés d'attendre plusieurs semaines ou mois, se pose avec une nouvelle acuité .
Au-delà, la montée en puissance du privé pourrait affecter le fonctionnement même du NHS. « Les opérations les moins risquées, les plus rapides et les plus rentables vont de plus en plus être réalisés dans le privé, analyse le Dr Sameer, laissant les opérations les plus compliquées et les moins lucratives au NHS. »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes