La Haute Autorité de santé (HAS) a autorisé le 16 mars dernier les tests antigéniques nasaux, notamment en autotest. Réalisés en totale autonomie, du prélèvement à la lecture du résultat, et recommandés chez les asymptomatiques dans le cadre d’un dépistage ciblé ou pour des usages privés, ces dispositifs soulèvent l’inquiétude des syndicats d’internes en biologie médicale et de biologistes médicaux*, libéraux comme hospitaliers, qui alertent sur leur utilisation.
La HAS, dans son avis, indique « des sensibilités cliniques de l’ordre de 80 à 95 % chez les patients symptomatiques et de l’ordre de 50 à 60 % chez les asymptomatiques, toujours avec une variabilité inter-test » et dont les résultats positifs devront être confirmés par une PCR. 50 % des patients porteurs du Covid ne développant pas de symptômes auront donc un test « faussement négatif », mettent en garde les syndicats de biologistes médicaux. « C’est comme tirer à pile ou face », alertent les spécialistes du dépistage, dont l’inquiétude est accrue par une potentielle mise à disposition de ces tests dans les supermarchés.
« Biologie sauvage »
« La santé publique n’est pas un produit dont on peut faire commerce ! », réagissent les organisations syndicales. « Nous devons limiter le risque pour les Français d’être faussement rassurés par un résultat négatif alors qu’ils contaminent leur entourage, ou faussement alertés par un résultat positif, sans réel traçage par un professionnel. »
Elles rappellent l’importance d’une supervision par le biologiste médical de toutes les étapes du processus de dépistage « pour assurer une stratégie tester-alerter-protéger optimale », que ce soit pour les tests RT-PCR ou les tests antigéniques. « Il ne peut y avoir une biologie à deux vitesses avec une qualité prouvée des examens de biologie médicale par une très lourde accréditation d’un côté, et de la biologie sauvage de l’autre, avec des dispositifs moins performants et non contrôlés », écrivent les syndicats, appelant à ne pas faire de la santé publique « une marchandise ».
Afin de ne pas « sacrifier la qualité du dépistage », les biologistes médicaux demandent une clarification par le ministère sur l’utilisation de ces dispositifs. « Il faut être plus clair sur qui contrôle le résultat, qu’est-ce qu’on fait de ce résultat ? Cela doit rester sous le contrôle du biologiste, estime le Dr Claude Cohen, président du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB). Pour l’instant, le ministère tient bon et n’autorise pas la vente de tests dans les supermarchés, mais pendant combien de temps encore ? Il ne s’agit pas de revendiquer une chasse gardée, mais de dire que ces tests ne sont pas raisonnables sur le plan de la santé publique. »
* Les Biologistes médicaux, Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM), Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), Syndicat national des médecins biologistes de CHU (SNMB-CHU), Fédération nationale des Syndicats de praticiens biologistes des hôpitaux CHU (FNSPBHU), Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH).
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier