Moins de 2 % des médecins généralistes exercent en centre de santé. Pourtant, « le mode d'exercice salarial prend de plus en plus d’importance chez la jeune génération », a constaté le Dr Christophe Tafani, président du conseil de l’Ordre des médecins du Loiret, lors d’une table ronde organisée ce jeudi à l’occasion des rencontres nationales de ReAGJIR.
Quels avantages ? Pour le Dr Marion Begot, médecin en centre de santé dans le Gard, c’est surtout la lourdeur administrative qui l’a poussée vers l'exercice salarié. « Tous les inconvénients du libéral, l’URSSAF, les télétransmissions », explique-t-elle. « Avec le salariat, je fais ce que je sais faire : de la médecine ! Et je laisse la comptabilité au comptable et l’informatique aux informaticiens », sourit la généraliste. Le tout en bénéficiant d’horaires encadrés et de congés payés.
Favoriser l'accès aux soins
Pour le Pr Yannick Ruelle, généraliste en centre de santé à Pantin, l'exercice salarié permet de favoriser l'accès aux soins des plus précaires. « Cela nous permet d’accueillir des patients sans protection sociale, de faire des dispenses d’avance de frais, mais aussi des interventions de prévention sur le territoire, de dépistage par exemple », expose le médecin, également secrétaire adjoint de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS).
Même constat du côté du Dr Aimé Mohr, directeur médical de Filieris Sud, anciennement centre de santé du régime minier. « Le salariat et les centres de santé permettent de lutter contre l’exclusion et consolider l’accès aux soins. Nous avons récemment embauché une médiatrice en santé pour aller vers les personnes exclues du soin. »
Pas de relation financière
« En tant que salarié, je n’ai pas de relation financière avec mon patient », ajoute le Dr Yannick Ruelle, qui se réjouit de cette forme d'indépendance. Le dispensaire est rémunéré à l’activité mais « les médecins salariés sont payés au nombre d’heures travaillées, et non au nombre de consultations », précise-t-il. À Pantin, le centre de santé, réparti sur trois lieux, représente la moitié de l’offre médicale de la ville, avec 17 généralistes.
Ce mode d’exercice favoriserait également le pluripro. « Si je pense que ce n’est pas à moi de vacciner, mais à l’infirmier, je ne vais pas perdre d’actes », avance Yannick Ruelle, pour qui les centres de santé facilitent la concertation régulière autour de cas patients et d'actions de santé publique.
Indépendance
Congés payés, RTT, salaires attractifs, prévoyance… Les avantages du salariat dépendent aussi de la structure d'exercice : mutualiste, associatif ou territorial (municipalité, département…). Chez Filieris, « les médecins touchent, en plus du salaire, un intéressement sur l’activité et la ROSP », illustre le Dr Aimé Mohr.
Le Dr Christophe Tafani met tout de même en garde. « Le médecin doit garder son indépendance et reste soumis au code de déontologie ». Chaque contrat signé doit être communiqué à l'Ordre national. « Notre rôle est de vérifier et de signaler les clauses qui nous posent problème. Par exemple, il y a une tendance de certains acteurs du privé à imposer un nombre de consultations par jour au médecin, ce n’est pas acceptable. »
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