L’AUSTRALIE a lancé une campagne de vaccination contre le papillomavirus (HPV) en milieu scolaire depuis 2007. Une équipe de Melbourne publie les premiers résultats, à 3 ans, sur l’incidence des lésions précancéreuses du col de l’utérus à l’échelle d’une population dépistée. D’après les données du registre Victorian Cervical Cytology (VVCR) entre 2003 et 2009, le Dr Julia Brotherton et son équipe ont constaté une diminution de 38 % des lésions de haut grade (CIN2 et 3) chez les jeunes filles de moins de 18 ans, après l’introduction du vaccin quadrivalent.
Deux autres observations retiennent l’attention, la première étant que le phénomène n’a pas été retrouvé dans les tranches d’âge supérieur, la seconde que les lésions de bas grade restent stables.
Le registre VVCR recueille les données des frottis cervico-vaginaux (FCV) réalisés dans la ville de Victoria, ce qui représente une population d’environ 2,7 millions de femmes et jeunes filles. Moins de 1 % d’entre elles ont spécifié ne pas vouloir participer au registre. Le programme vaccinal australien cible les jeunes filles de 12-13 ans avec deux rattrapages, l’un entre 13 et 17 ans, le second entre 18 et 26 ans en médecine générale. La couverture vaccinale avec 3 doses était estimée à 70 % en 2007 chez les jeunes filles de 14-15 ans. Alors qu’en France, le dépistage du cancer du col de l’utérus recommande un FCV tous les trois ans dès l’âge de 25 ans, les autorités sanitaires australiennes ont fait le choix d’un examen tous les 2 ans à partir de 18 ans. Une lésion de bas grade est contrôlée à 1 an par un autre FCV, tandis qu’une lésion de haut grade est explorée d’emblée par une colposcopie.
Le choix d’évaluer les lésions précancéreuses.
Comme l’effet direct sur l’incidence des cancers in situ ne pourra être mesuré que d’ici plusieurs décennies, les chercheurs ont fait le choix d’évaluer les lésions précancéreuses afin d’obtenir plus tôt une approximation relativement fiable des effets du vaccin. L’incidence des lésions précancéreuses a été mesurée sur deux périodes, avant le programme (2003-2006) et après (2006-2009), et ce, dans 5 tranches d’âge (≤17 ans, 18-20 ans, 21-25 ans, 26-30 ans et ≥31 ans).
Le fait que l’effet soit constaté dans les cohortes les plus jeunes confirme l’importance de vacciner les pré-adolescentes, bien avant les premières relations sexuelles. Quant à la stabilité des lésions de bas grade, l’observation ne semble pas très étonnant en soi, puisque l’association aux sous-types 16 et 18 est moins forte qu’avec les lésions de haut grade. Qui plus est, plus de 40 sous types d’HPV sont susceptibles d’entraîner des lésions de bas grade. Ces résultats suggèrent également aux Australiens de revenir sur l’âge du premier FCV et de le reculer, le dépistage à 18 ans se révélant moins justifié avec la vaccination. L’effet vaccinal semble bien réel et renforce l’idée de ne pas attendre la démonstration sur l’incidence des cancers pour vacciner les jeunes filles, comme l’a déjà recommandé l’OMS.
Lancet 2011; 377:2085-92.
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