Les médecins ne lâcheront rien. Alors que les députés démarrent ce mardi 31 mars l’examen en séance publique du projet de loi de santé de Marisol Touraine, les syndicats médicaux sont sur le pied de guerre. Après la manifestation du dimanche 15 mars qui avait rassemblé entre 19 000 et 50 000 professionnels de santé à Paris, plusieurs syndicats appellent à une nouvelle journée de grève, ce mardi 31 mars, contre le projet de loi de santé.
Cette journée « santé morte » débute dès ce lundi soir. « Nous avons lancé un appel à la grève de permanence des soins et à la fermeture des cabinets dès ce lundi soir 20 heures jusqu’à mercredi 8 heures », explique le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
Furieux que Marisol Touraine ait annulé sa venue au Congrès de la médecine générale et que le projet de loi examiné au Palais-Bourbon ne comprenne pour l’heure aucune proposition du récent rapport Druais, MG France a également appelé les généralistes à fermer les cabinets « tout ou partie de la journée », à coller des affiches dans les salles d’attente et à faire signer des pétitions à leurs patients. Le Dr Claude Leicher, président de MG France, insiste sur le côté unitaire de cette journée de contestation. « C’est un mouvement de tous les syndicats ensemble », déclare le patron du syndicat de généralistes. Réunie en assemblée générale, la FMF a aussi décidé de durcir le ton. Elle invite les médecins à ouvrir leurs cabinets 35 heures par semaine, et à appliquer des DE en dehors de ces horaires d’ouverture. Le syndicat maintient son mot d’ordre de grève de télétransmission et des téléservices et appelle à poursuivre la grève des gardes.
Mouvement symbolique
Ce mardi 31 mars, les syndicats médicaux ont très largement prévu de communiquer sur les raisons de leur colère. Les organisations représentatives (CSMF, MG France, SML, FMF, BLOC) et les internes de médecine générale (ISNAR-IMG) vont réaffirmer à 10 heures leurs positions communes contre le projet de loi. Une heure plus tard, les 45 syndicats des professions de santé membres du mouvement pour la santé de tous se rassembleront derrière l’Assemblée nationale pour « mettre la pression » sur les parlementaires. Ce rassemblement citoyen baptisé « Tous enfants d’Hippocrate » est initié par l’Union française pour la médecine libre (UFML), qui a installé une « tente chauffée » pour dialoguer avec les parlementaires prêts à débattre. Le rassemblement ne sera pas une démonstration de force mais à une « volonté de dire les choses ensemble, analyse le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC. Ce sera une représentation, un mouvement symbolique de chaque syndicat, de chaque spécialité, pour démontrer que le combat continue. »
Des points de blocages majeurs
Déja examiné par les députés en commission des affaires sociales, le texte a fait l’objet d’aménagements considérés comme insuffisants par les médecins. « Des éléments inacceptables persistent, souligne le Dr Jean-Paul Ortiz. Nous en appelons à la responsabilité des parlementaires pour amender nettement ce projet de loi. » Outre la généralisation du tiers payant qui deviendra un droit pour tous les patients d’ici à la fin 2017, la refondation du service public hospitalier (et l’interdiction du secteur II pour les cliniques) constitue également un point de blocage majeur. D’autres problèmes sont à régler, selon le BLOC. « Le volet prévention, on passe à côté, le volet organisation des soins de proximité, on passe à côté et le virage ambulatoire, on ne le prend pas », indique le Dr Cuq.
Une délégation de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) sera également présente pour soutenir les médecins libéraux contre la loi de santé. « Lorsqu’une loi fait à ce point l’unanimité contre elle, qu’elle soulève une opposition constante et résolue de la part de l’ensemble du monde médical et des professions de santé, un gouvernement et une majorité qui ne bénéficient plus de la confiance du pays devraient se poser la question de la nécessité d’un passage en force », déclare Lamine Gharbi, président de la FHP.
Le projet de loi de santé doit être discuté pendant deux semaines dans l’Hémicycle, avant un vote, prévu le 14 avril.
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