La France se prépare à des campagnes de dépistage massif dans de grandes agglomérations « peut-être » avant les fêtes de fin d’année, a annoncé le premier ministre, Jean Castex, le 2 décembre, suivant les recommandations du Conseil scientifique, favorable à ce type d'expérimentations locales avant d’envisager de passer à l’échelle nationale.
Une opération sur la base du volontariat...
Ces expérimentations devraient avoir lieu dans les métropoles de trois régions, Hauts-de-France, Normandie et Auvergne-Rhône-Alpes. Le Havre et Saint-Étienne sont pressentis, selon Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance, qui répondait aux députés ce 3 décembre. Une troisième agglomération dans le Nord resterait à définir. Ces dépistages seraient réalisés « sur la base bien entendu du volontariat », a précisé Jean Castex sur RMC/BFMTV, avec l’objectif « d’en tirer des enseignements préventifs et curatifs ».
Certains pays ont déjà engagé des campagnes de test massif. Dans une résolution adoptée ce 3 décembre à la quasi-unanimité (135 voies contre 8), les députés invitent le gouvernement à s’en inspirer. La résolution cite les campagnes préventives menées dans deux villes de Chine mais aussi l’initiative menée à Liverpool depuis le début du mois, au cours de laquelle les 500 000 habitants de la ville vont être testés, ou encore le cas de la Slovaquie et son dépistage massif (3,6 millions de personnes), lors du week-end du 31 octobre.
Dans son dernier avis, le Conseil scientifique soulignait le manque de recul et de données sur le bénéfice de ces dépistages massifs pour casser les chaînes de contamination. « En l’état, le bénéfice (...) n’est pas encore établi », jugeait-il, préconisant des expérimentations dans de grandes métropoles avant la sortie de confinement pour mettre à l’épreuve l’organisation d’une telle opération et évaluer « en conditions réelles » l’impact sur la dynamique de l’épidémie.
... alors que l'exhaustivité est requise
Les opérations lancées jusqu’ici visaient l’« élimination de la circulation du virus quand celle-ci est très basse », à l’instar des expériences chinoises, ou la diminution de la « circulation du virus pour en reprendre le contrôle », comme à Liverpool, rappelle l’avis du conseil scientifique.
Ces opérations revêtent un « enjeu logistique majeur » et comportent de nombreux prérequis pour être efficace. « Pour remplir son objectif de contrôle de la circulation du virus, le dépistage de masse doit être le plus exhaustif possible, (...) doit s’accompagner d’un isolement strict, (...) et être répété à intervalles réguliers rapprochés », est-il indiqué, modélisations préliminaires à l’appui.
Dans son intervention devant ses homologues pour défendre la résolution, le député LR Jean-Jacques Gaultier a insisté sur la nécessité d’un dépistage « massif, volontaire et gratuit », mais « pas forcément dans toute la France, en même temps et tout de suite ». Il préconise des tests massifs en deux temps, avec une opération « avant les fêtes pour les sécuriser » et une « deuxième fois début janvier » pour éviter une troisième vague, car « c’est maintenant que le printemps se joue », a-t-il estimé.
En réponse, Adrien Taquet a rappelé les limites de telles opérations, déjà énoncées par le Conseil scientifique : la performance relative des tests (possibilité de nombreux faux négatifs, liée à la sensibilité des tests antigéniques), la « nécessité d’un taux d’exhaustivité maximum pour en tirer le meilleur bénéfice » et « l’importance de répéter ces dépistages à intervalles réguliers pour garantir la traque permanente du virus ».
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