En pleine crise sanitaire, les partisans de l'homéopathie reviennent à la charge.
Une proposition de loi (PPL) des députés Les Républicains, enregistrée mardi 3 novembre à la présidence de l'Assemblée nationale, recommande de décaler de deux ans la date du déremboursement total de l'homéopathie. En pratique, le texte vise à instaurer un « moratoire de deux ans » sur le taux de remboursement à 15 % des médicaments homéopathiques (délai qui serait acté par un décret en Conseil d'État).
Cette initiative parlementaire fait écho à une revendication déjà exprimée par le secteur des pro-granules par le biais de l’association HoméoFrance (médecins, patients, pharmaciens, laboratoires).
Actuellement fixé à 15 % – contre 30 % auparavant – le déremboursement total de l'homéopathie doit intervenir au 1er janvier 2021, dans moins de deux mois, comme l'a décidé l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn en juillet 2019, après l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur l'absence de preuve scientifique établissant l'efficacité de ces produits.
Une filière fragilisée par le « dénigrement »
Mais selon la quarantaine de députés LR qui défendent cette proposition de loi, patients et industriels concernés n'ont pas eu le temps de s'organiser et de se préparer. « La décision brutale de dérembourser l’homéopathie, a plongé les nombreux acteurs et utilisateurs de l’homéopathie dans le désarroi », peut-on lire dans l'exposé des motifs.
Surtout, la « catastrophe sanitaire » actuelle justifierait d'accorder ce délai de deux ans. « Le Covid‑19 a fait perdre six mois et a repoussé de plusieurs mois les négociations des plans de sauvegarde de l’emploi des entreprises pharmaceutiques spécialisées dans la production de médicaments homéopathiques », indiquent les députés.
Plus de 1 000 emplois étant « directement concernés » par ce déremboursement total en 2021, un moratoire de deux ans « permettrait de préserver plusieurs centaines d’emplois dans la filière homéopathique, lourdement fragilisée par ces deux années de dénigrement ». Pour les députés, une telle décision « de bon sens » serait même une occasion « de redonner confiance aux Français ».
Cette initiative n'a pas manqué de faire réagir certains médecins sur Twitter.
Non mais non
— Dr. Maryvonne Le Saux-Tallier (@MYTallier) November 4, 2020
Après on est plus à ça près… On est en 2020#NoFakeMed#StandForScience https://t.co/tlcjLWz4vo
En pleine pandemie COVID, les mecs ils ont pas honte. C’est vrai qu’il y a trop de fric a la secu et aue c’est le bon moment pour rembourser non seulement les sucreries mais aussi les consultation medicales secteur 2( vous demandez donc pas pourquoi votre mutuelle est si chere) https://t.co/rtPFoBP0wn
— Mathias Wargon (@wargonm) November 4, 2020
Renvoyée devant la commission des affaires sociales, cette proposition de loi a été paraphée par plusieurs professionnels de santé dont la pharmacienne Josiane Corneloup (Saône-et-Loire), le cardiologue Jean-Pierre Door (Loiret) ou la sage-femme Bérengère Poletti (Ardennes).
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