Le parcours de soins coordonnés ? « Pour nous, il n’a pas eu d’impact particulier sur le nombre de nos consultations. Nous n’avons pas perdu de patients. Au contraire, nos délais de consultation ont eu plutôt tendance à s’allonger au cours des dernières années », souligne le Dr Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermato-vénéréologues (SNDV).
La dermatologie fait partie des nombreuses spécialités qui, depuis la réforme du médecin traitant, sont complètement intégrées au parcours de soins coordonnés. C’est au généraliste traitant d’adresser son patient chez un dermatologue s’il estime cela nécessaire. Le patient garde toutefois la possibilité de consulter en direct mais il fait l’objet, alors, d’un moindre remboursement de l’assurance-maladie.
Quand la réforme est entrée en vigueur, certains dermatologues, à mots plus ou moins couverts, s’interrogeaient sur une possible « rétention de patients » de la part des généralistes, estimant être tout à fait capables de gérer eux-mêmes nombre de problèmes dermatologiques traités jusque-là en direct par des spécialistes. « Globalement, ce phénomène ne s’est pas produit. On travaillait en bonne confraternité avec nos collègues généralistes avant la réforme. C’est toujours le cas aujourd’hui », assure le Dr Sulimovic. « Pas mal de patients continuent de venir en direct, malgré les pénalités. Et le nombre de consultations n’a pas baissé dans les cabinets de dermatologie qui restent toujours très chargés. Il est vrai que notre spécialité est toujours en phase plutôt basse en matière de démographie. Il faudra voir si un impact se fait sentir d’ici quelques années une fois que l’augmentation du nombre d’internes dans notre spécialité se sera traduite par une hausse du nombre de médecins installés », indique le président du SNDV.
Le Dr Sulimovic adhère plutôt à la logique du parcours de soins. « Le dermatologue doit rester le médecin expert de la peau et des pathologies dermatologiques. Mais je trouve cohérent, par exemple, que ce soit le généraliste qui fasse le dépistage primaire des tumeurs de la peau. Et qu’en cas d’anomalie, le dermatologue assure le dépistage secondaire. De la même manière, il me semble normal que le médecin traitant traite les problèmes d’acné légère et s’appuie ensuite sur nous pour les cas plus compliqués. Le dermatologue va ainsi jouer pleinement son rôle d’expert en faisant une primo-prescription d’isotrétinoïne, cette molécule pouvant ensuite être renouvelée par le généraliste dans le cadre du parcours de soins », souligne le Dr Silumovic.
Le cas de l’ophtalmologie est différent puisque celle-ci fait partie de quatre spécialités (avec la gynécologie, la psychiatrie et la stomatologie) que le patient peut consulter en accès direct, sans pénalité financière. Avec toutefois certaines conditions. « Cet accès direct, sans pénalité, est prévu pour les cas d’urgence, les actes de dépistage et du suivi du glaucome ainsi que les troubles de la réfraction et donc la prescription ou le renouvellement de lunettes », détaille le Dr Thierry Bourg, le président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF).
Pour tout autre problème, le patient doit, en théorie, d’abord passer par le cabinet du généraliste qui l’orientera, si besoin, vers le cabinet de l’ophtalmologiste. « Mais l’immense majorité des patients continuent à venir en accès direct sans que l’assurance-maladie ne les pénalise. Très peu de patients sont mis hors parcours par les caisses. C’est logique car, en dehors des conjonctivites, les généralistes ne sont pas très armés pour gérer les pathologies ophtalmiques », souligne le Dr Bourg.
Ce dernier constate que ce maintien de l’accès direct a pourtant un revers. « Du fait de notre démographie médicale et de la demande, nous avons des délais de rendez-vous souvent très longs. Et nous recevons beaucoup de patients pour des consultations simples, sans acte technique », souligne le Dr Bourg. « Logiquement, nous avons un très faible taux de C2, c’est-à-dire d’actes ponctuels de consultant [valorisés à hauteur de 46 euros] dans le cadre du parcours de soins. Nous avons 4 % de C2 contre 34 % pour les ORL ou 30 % pour les cardiologues », souligne le Dr Bourg.
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