LE QUOTIDIEN : Quelles incidences a eues l'épidémie sur la gestion des personnels soignants dans votre service ?
Dr MEHRSA KOUKABI-FRADELIZI : Depuis le début de l’épidémie, nombre de médecins, d’internes, d’infirmiers et d’étudiants en santé se sont portés spontanément volontaires pour effectuer des vacations en renfort des équipes. Il faut dire que tous les congés posés ont été annulés et que le Plan Blanc permet des réquisitions et des heures supplémentaires déplafonnées. Si cet afflux est particulièrement réconfortant, il faut aussi le gérer pour qu’il soit le plus utile. Il serait contre-productif de systématiquement accepter les renforts proposés : l’idée est de les étaler dans le temps afin de gérer la crise sur un plus long terme.
Ainsi, dans un premier temps avec la cadre du service Agnès Bouteillier, un planning des périodes supplémentaires à couvrir a été proposé aux soignants. Ensuite, en analysant les disponibilités proposées, j’ai dû choisir des volontaires pour les différentes plages horaires. Cette étape a donné lieu à des incompréhensions : certaines personnes s’étaient portées volontaires pour travailler quasiment tous les jours. Or, justement, il ne faut pas épuiser les bonnes volontés en leur imposant des horaires trop lourds.
Mais comment tenir compte au mieux de ce facteur ?
Un choix a donc été nécessaire. J’ai d’abord privilégié des intervenants à temps partiel qui n’avaient pas encore accumulé de fatigue et qui ont permis aux premiers soignants impliqués de lever le pied.
Il a fallu aussi gérer les soignants qui avaient du mal à quitter leur poste en fin de vacation. Leur présence – même si elle était le fruit d’une envie d’aider encore les collègues – est contre-productive : il vaut mieux qu’ils aillent se reposer au plus vite pour revenir en forme.
Depuis 10 jours, j’insiste à toutes les réunions de service sur la nécessité de repos, de sommeil, de repas équilibrés, de moments de légèreté, de discussion, d’échanges, même si le confinement a encore compliqué les choses.
Et la survenance de contaminations chez les soignants compliquent forcément la gestion des ressources...
La question des soignants présentant des possibles formes pauci-symptomatiques de la maladie s’est aussi posée. En raison de manque d’accès aux tests, seuls les personnes présentant des signes cliniques objectifs ont pu être testées. Dans ces conditions, on ne peut pas obliger un confrère qui tousse mais qui n’a pas de fièvre, et qui souhaite continuer à travailler, à accepter un dépistage.
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