Le 12 mars prochain, la CSMF tournera une page de son histoire. En effet, le conseil national du syndicat, composé d'une soixante de cadres, élira le nouveau patron de la centrale poly-catégorielle, après les deux mandats successifs du Dr Jean-Paul Ortiz. Qui pour lui succéder ?
Selon nos informations, il n'y a pas eu de « grande bagarre interne ». Le Dr Luc Duquesnel, généraliste en Mayenne et actuel chef de file de la branche généraliste de la Conf', n'a pas souhaité briguer la présidence. En revanche, le Dr Franck Devulder, 58 ans, gastro-entérologue à Reims et patron de la branche spé, a bien envoyé sa candidature, « après mûre réflexion rendue nécessaire par la hauteur de la tâche et l'importance d'un tel engagement ». Et aucun challenger ne s'est déclaré.
Dans sa profession de foi que « Le Quotidien » a pu consulter, le spécialiste a remercié le néphrologue de Cabestany qui a « su tenir le cap dans une période difficile qui a vu le paysage syndical médical se diviser » et tracé « un programme de réforme ambitieux de réforme de la CSMF ». Marchant dans les pas du Dr Ortiz, le gastro-entérologue s'engage « avec détermination » à « faire évoluer la maison confédérale » dont « le redressement n'a pas encore atteint son but » mais aussi « le paysage du syndicalisme médical français ».
Paiement à l'acte, la règle
Ces évolutions ne se feront pas n'importe comment. Dans sa lettre, il a détaillé ses ambitions et des lignes rouges à ne pas franchir. Tout en défendant « une médecine libérale et sociale », la ligne historique de la CSMF, le Dr Devulder dit vouloir « assumer et affirmer » « le caractère libéral de la profession ». « Le paiement à l'acte doit rester la règle », écrit-il. Puis la rémunération doit aussi tenir compte « de l'expertise » et « la qualité », à travers une hiérarchisation des consultations.
Offensif, le candidat à la succession du Dr Ortiz souhaite aussi négocier dans le cadre de la prochaine négociation conventionnelle « des consultations d'observance et de prévention » pour passer « d'une médecine uniquement curative à une médecine préventive et curative ». La réforme de la nomenclature des actes techniques en cours ne pourra pas « se faire à périmètre constant et sans une nécessaire revalorisation du point travail », écrit-il.
Médecin, pilote de la prise en charge
En matière d'accès aux soins, le Dr Devulder rejette toutes mesures qui tendraient à restreindre l'installation des médecins. Dans ce domaine, la CSMF a déjà présenté des propositions structurantes, rappelle le spécialiste, comme le complément emploi retraite, l'exercice sur site distinct, l'ouverture massive des stages d'internes et d'assistants partagés en libéral. Le gastro-entérologue réaffirme aussi la volonté du syndicat de soutenir la coordination, entre médecins, généralistes et spécialistes, mais aussi avec les autres professionnels de santé. De fait, « les compétences ne se transfèrent pas, elles s'acquièrent » et « le médecin doit rester le pilote de la prise en charge des patients », prévient-il.
Pour faire évoluer la profession, le Dr Devulder appelle à l'unité syndicale « pour établir un socle commun inébranlable répondant aux aspirations des médecins libéraux pour négocier une convention 2023 à la hauteur de nos ambitions ». Le médecin dit avoir déjà pris contact avec les autres présidents des différents syndicats.
Enfin, pour faire face à un désintérêt des médecins pour le syndicalisme, le gastro-entérogue s'engage à organiser des réunions syndicales et des formations là où « la syndicalisation a disparu ou ne concerne plus qu'une poignée de nos confrères ». « Nous devons acquérir ce militantisme syndical au service de nos confrères. C'est une nécessité, c'est un devoir. C'est ainsi que nous augmenterons la syndicalisation », conclut-il.
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