Alors que le premier acte du Ségur de la santé, vaste concertation sous l'égide d'Édouard Philippe et Olivier Véran, devait se jouer lundi 25 mai à partir de 15 h 30, François Hollande a reconnu le matin même une « part de responsabilité dans la situation de l'hôpital ».
« J'ai présidé la France pendant cinq ans, donc j'ai ma part de responsabilité aussi dans la situation de l'hôpital [...]. Depuis des années, on a contraint l'hôpital et j'ai pris ma part, je ne veux pas m'exclure, même si j'ai apporté des moyens supplémentaires. On a mis une suradministration de codage d'actes, etc., et c'est ce que les personnels, notamment les médecins, rejettent aujourd'hui, et une tarification qui les a obligés à passer parfois plus de temps à remplir des papiers qu'à soigner », a déclaré l'ancien président de la République sur France Inter.
Si François Hollande s'est défendu en mettant en avant la création de 30 000 postes dans les hôpitaux publics et une hausse de 7 % de la masse salariale « sous son autorité », il a été plus circonspect sur la rémunération directe des personnels soignants. « J'ai fait en sorte sous ma présidence d'améliorer les parcours professionnels, de valoriser un certain nombre de catégories, aides-soignantes et infirmières, mais ça ne suffit pas. »
Les soignants en ont assez des primes, concède Touraine
Également interrogée ce lundi sur Franceinfo, l'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine, qui a dirigé Ségur du début à la fin du quinquennat Hollande, a elle aussi fait son (petit) mea culpa. « Effectivement, il n'y a pas eu d'effort suffisant sur les rémunérations, même s'il y a eu des primes », a-t-elle concédé. « Sans aucun doute sur le plan des rémunérations des personnels hospitaliers, en particulier des personnels soignants non médicaux, nous n'avons pas pu dégager les ressources qui nous auraient permis de faire des revalorisations significatives, a-t-elle ajouté. Il y a eu des primes, mais j'entends parfaitement que les professionnels de santé en ont assez des primes et veulent des rémunérations. »
Marisol Touraine s'est toutefois défendue de tout immobilisme. « Il y a eu des transformations qui ont été engagées et sans lesquelles l'hôpital ne serait pas aujourd'hui ce qu'il est. J'ai engagé la transformation de la tarification à l'activité. Je ne l'ai pas supprimée, je ne l'ai pas fait éclater, mais nous avons mis en place ce que nous avons appelé la tarification à la qualité pour valoriser des pratiques, valoriser la proximité des hôpitaux. Ces processus auraient pu être accélérés après 2017. Cela n'a pas été le cas et je le regrette. »
Marisol Touraine s'est par ailleurs déclarée prête à aller témoigner devant une commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire et sur la pénurie de masques si elle est convoquée. « Je ne souhaite polémiquer avec personne aujourd'hui, a-t-elle conclu. D'ailleurs, plus personne ne conteste le fait qu'il y avait autant de masques lorsque j'ai quitté le ministère que lorsque j'y suis entrée. Alors il ne s'agit plus de polémiquer, il s'agit de faire connaître les choses et de les mettre à plat. »
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