Hôpital : prêt à injecter six milliards pour augmenter les salaires, Véran « ne se sent pas débordé » dans son ministère

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Publié le 25/06/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Un mois après le lancement fin mai du Ségur de la santé, Olivier Véran a levé le voile mercredi après-midi sur l'enveloppe prévue par le gouvernement pour les hausses de salaires des personnels non médicaux. Plusieurs participants à la dernière séance de négociation, à laquelle participait le ministre de la Santé, ont évoqué une enveloppe de « six milliards d'euros », à partager entre hôpitaux et EHPAD publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé. Cette enveloppe serait accordée hors médecins, qui font l'objet d'une négociation parallèle.

Ce tout premier cadrage budgétaire intervient après que de très nombreux syndicats ont déploré cette semaine l'absence de chiffrage pour les revalorisations salariales. C'était le cas des personnels médicaux, puis mardi des praticiens hospitaliers qui ont écourté une séance de travail, et enfin mercredi des étudiants et des internes.

La pression s'est intensifiée ces derniers jours avec la perspective d'une nouvelle journée de mobilisation le 30 juin, à l'appel de centrales syndicales et de collectifs de soignants hospitaliers. La précédente journée, le 16 juin avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans toute la France (même si les principaux syndicats de PH n'avaient pas appelé à descendre dans la rue).    

Un premier projet d'accord dévoilé le week-end dernier par l'AFP évoquait une augmentation générale des salaires des agents de la fonction publique hospitalière (dès juillet), une refonte des primes, ainsi que des hausses ciblées sur certaines professions soignantes (infirmières, aides-soignantes).

Côté médecins, le « document de travail préparatoire » remis aux syndicats que « Le Quotidien » s'est procuré inscrit dans le marbre la revalorisation des indemnités d'engagement de service public exclusif (IESPE), la suppression des premiers échelons supprimés de la grille salariale des PH, la création de nouveaux échelons « en sommet de grilles pour permettre de renforcer la fidélisation des PH en fin de carrière », la meilleure rétribution des internes et la valorisation de valences non cliniques. Mais ce document ne contient aucun chiffre précis et les syndicats de PH ont exposé leurs propres revendications (dont une entrée de carrière à 5 000 euros net et une fin de carrière à 10 000 euros), qu'ils évaluent eux-mêmes à 7 milliards d'euros... 

Véran, bien installé au social

Le Ségur de la santé, piloté par l'ex-dirigeante de la CFDT Nicole Notat, doit concrétiser d'ici à mi-juillet le plan massif de revalorisation et d'investissement promis par Emmanuel Macron. Ces (premiers) six milliards d'euros, mis sur la table par l'exécutif, permettent d'en savoir plus sur l'ampleur de l'enveloppe que l'exécutif est prêt à mobiliser.

C'est dans ce contexte que le ministre de la Santé a accordé ce jeudi un entretien au « Monde » dans lequel il assure comprendre « l'impatience très forte des soignants » à l'égard du Ségur et de la reconnaissance de la Nation. « Cinq semaines, c'est très court, mais nous le ferons [...]. J'ai la volonté que d'ici 15 jours, nous ayons abouti, par anticipation de quelques jours, à l'objectif du 14 juillet que nous nous étions fixé », affirme-t-il

Interrogé sur l'hypothèse d'un grand ministère social dans le prochain gouvernement, et sur sa place dans cette architecture, Olivier Véran ne cache pas ses ambitions. « Je suis ministre des Solidarités et j'y tiens [...]. Mon défi, c'est d'être capable de faire en même temps le Ségur, de gérer la crise du Covid et d'avoir une attention pour les personnes en perte d'autonomie. Les idées ne manquent pas, les projets ne manquent pas et on sera prêts. La question des plus précaires me préoccupe beaucoup. Je ne me sens pas débordé. »   


Source : lequotidiendumedecin.fr