Inlassablement, notre ministre de tutelle répète qu’être de gauche, c’est concilier réforme économique et progrès social, c’est offrir de nouveaux droits aux patients, c’est mettre en place le tiers-payant généralisé et obligatoire, car trop de personnes renoncent toujours aux soins dans notre pays.
La loi de Santé pondue par les énarques, et qu’elle porte avec détermination, a un double objectif :
- mettre les professionnels de santé, et particulièrement les médecins de ville, sous la coupe d’administratifs qui ne connaissent rien au soin, mais tout à la gestion des coûts,
- et, sous couvert de faciliter l’accès aux soins, poursuivre le désengagement de la Sécurité sociale solidaire vers les complémentaires, mutuelles et assurances, attirées par ce fabuleux marché. Comme les mouches par le miel.
Le tiers payant est déjà largement pratiqué, point n’est besoin de le généraliser, car il a un coût, que sa gestion dans les centres de santé démontre amplement. Depuis une dizaine d’années il s’est de plus complexifié entraînant des refus de paiement aux professionnels de santé, qui en font les frais, et qui sont ainsi amenés à financer cette mesure « généreuse ».
L’enjeu de la loi Santé, c’est un volet essentiel de l’exercice libéral, l’indépendance du médecin par rapport au financeur.
Fragilités
Depuis de nombreuses années l’Assurance-maladie solidaire est fragilisée, les méthodes de management de la Caisse nationale d’Assurance-maladie inspirées du privé ont conduit à une désorganisation de la médecine de ville. Tous les gouvernements successifs semblent poursuivre le même objectif de démantèlement insidieux de la protection sociale pour satisfaire aux besoins des marchés et d’amélioration de la compétitivité de la France.
Ainsi par glissements successifs, la prise en charge par les complémentaires se substitue à la prise en charge par la Sécurité sociale, amenant les Français à payer deux fois la même prestation. Une mutuelle pour tous obligatoire n’a-t-elle pas été créée avec l’accord national interentreprises, obligeant les citoyens à souscrire à une assurance au travers de leur employeur ?
Ainsi sous couvert de maîtrise des coûts, la possibilité de mettre en place des réseaux de soins est ouverte aux assurances, assujettissant les professionnels de santé à ces dernières.
Pour satisfaire au dogme européen de la libre concurrence, en transférant le coût de la protection sociale sur les complémentaires, et donc sur chaque citoyen, notre système de protection sociale est en train d’être bradé sans susciter la moindre velléité dans le pays.
On n’ose plus aborder le réel problème de la viabilité des tarifs de remboursement de la Sécurité sociale sans être taxé de tous les maux, pendant que les médecins libéraux croulent sous les contraintes administratives et les charges grandissantes, et que la génération montante se réfugie vers des postes moins exposés.
Sans vouloir forcer le trait, l’avenir de la médecine libérale telle que nous la concevons est remis en cause et court un réel danger. La médecine de l’individu est progressivement détruite au profit d’une certaine industrialisation, sous l’œil concupiscent du monde de la finance.
Madame la ministre, si vous êtes de gauche comme vous ne cessez de le proclamer, ressaisissez-vous.
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