Nicolas Revel, directeur général de la caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) a annoncé ce mardi la généralisation à l'ensemble du territoire d'un nouveau dispositif de lutte contre le renoncement aux soins.
La CNAM mise sur une plateforme d'intervention départementale pour l'accès aux soins et à la santé (Pfidass), pour offrir un « accompagnement sur mesure » à l'ensemble des personnes renonçant à se soigner pour des raisons financières ou par manque d'information.
Née d'une expérimentation démarrée en 2014 par la CPAM du Gard, puis élargie à 21 autres caisses primaires en 2016, cette plateforme sera déployée progressivement sur tout le territoire dès avril 2017.
Méconnaissance des droits
« Le renoncement s'explique par la méconnaissance des aides existantes », a souligné Nicolas Revel, citant le faible recours des assurés éligibles à l'aide à la complémentaire santé (ACS) –« 22 % ont fait valoir leurs droits en 2011 »– ou à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C).
Selon un « diagnostic »* de l'Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore), 29 000 individus avaient déclaré avoir renoncé à des soins dans 18 départements ayant mis en place le dispositif Pfidass. Le renoncement concernait en premier lieu les soins dentaires pour plus de 30 % des patients interrogés, devant les consultations spécialistes (26 %) et d'ophtalmologie (20 %). Le reste à charge constituait un frein majeur pour la majorité des individus (59 %), suivi de l'avance de frais (32 %) et de délais de rendez-vous trop longs (12 %). « Dans la moitié des cas, ces renoncements durent depuis deux ans », précise Hélène Revil, chercheur à l'Odenore.
Dans le Gard, une enquête** menée par la caisse avec l'Odenore sur les raisons du renoncement aux soins a montré que les individus avaient besoin d'un « accompagnement et de guidance, d'explication sur l'organisation du système de santé, des modalités d'accès aux professionnels et besoin d'aides financières ».
Accompagnement personnalisé
La plateforme mise en place par le Gard permet à des professionnels (agents de l'assurance-maladie, médecins-conseils, travailleurs sociaux, personnels de santé, associations) d'identifier les « renonçants » après une déclaration spontanée de l'assuré ou l'interpellation d'un professionnel. L'assuré bénéficie ensuite d'un accompagnement personnalisé pour lui expliquer ses droits (CMU-C et ACS) ou l'aider dans le choix d'une complémentaire santé.
L'agent de la CPAM peut également aider l'assuré à choisir un professionnel de santé ou à financer ses soins. « Chaque assuré conserve le même conseiller tout au long de l'accompagnement qui dure en moyenne 70 jours », explique Christian Fatoux, directeur de la CPAM du Gard.
Le bilan de la phase expérimentale réalisé ce mois-ci est encourageant. 9 400 dossiers ont été ouverts dans l'ensemble des 22 départements concernés. Dans un tiers des cas, l'intervention a abouti à la réalisation effective de soins et 42 % sont en cours. Un quart des dossiers ont conduit à l'attribution de la CMUC-C ou de l'ACS et 18 % à l'accès à une complémentaire. Un assuré sur cinq a bénéficié d'un accompagnement pour un montage financier. Toutefois, 28 % des dossiers ont été interrompus par les patients.
* Diagnostic non exhaustif réalisé entre mars et avril 2016.
** Enquête réalisée auprès de 4 000 personnes entre automne 2013 et été 2014. 113 entretiens approfondis.
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