Avec environ 3 000 nouveaux cas et plus de 1 000 décès par an en France, le cancer du col de l'utérus est l'un des seuls cancers dont le taux de survie à 5 ans est en diminution.
Tandis que 90 % des cas sont dus à une infection persistante causée par un ou plusieurs papillomavirus humains (HPV), « l'enjeu se situe aujourd'hui clairement dans le renforcement de la couverture vaccinale et du recours au dépistage », a souligné en octobre dernier la Haute Autorité de Santé (HAS). Le vaccin anti-HPV est recommandé chez les jeunes filles de 11 à 14 ans, en rattrapage jusqu'à 19 ans révolus. La couverture vaccinale reste très faible : moins de 20 % des jeunes filles sont vaccinées pour un schéma complet. Bien loin de l'objectif de 60 % fixé par le plan cancer 2014-2019. « On prend un retard considérable par rapport aux pays qui ont une politique vaccinale suivie comme l'Australie, les pays nordiques ou l'Angleterre », déplore le Pr Philippe Descamps, gynécologue-obstétricien au CHU d'Angers et président de la Commission Relations internationales du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
Obligation vaccinale
Au printemps dernier, le Pr Descamps a interpellé dans une lettre ouverte les candidats à la présidence de la république sur le « drame français » en matière de vaccination anti-HPV. « Cela n'a malheureusement pas été très entendu ! », constate le gynécologue qui regrette par ailleurs une occasion manquée lors de la mise en place de l'obligation vaccinale. « Nous reconnaissons le courage d'Agnès Buzyn rendant la vaccination obligatoire pour onze vaccins, mais le fait de ne pas avoir associé la vaccination anti-HPV risque d'induire encore plus de méfiance envers ce vaccin », commente-t-il. Pour le Pr Descamps, les pouvoirs publics doivent s'impliquer davantage dans la relance de cette vaccination, en l'introduisant dès le collège comme cela est déjà pratiqué dans de nombreux pays. La HAS a de son côté plaidé pour une information large et argumentée auprès des professionnels de santé et du public pour les maladies induites par l'HPV, les vaccins (Gardasil et Cervarix), leur efficacité et leurs effets indésirables.
Cesser l'obscurantisme
Aux yeux du Pr Descamps, il est grand temps de mettre fin à « l'obscurantisme » entourant la vaccination HPV. « On entend très régulièrement que l'on manque de recul au sujet de ce vaccin alors que 270 millions de doses ont été prescrites dans le monde ! Les organismes de surveillance et sociétés savantes de tous les pays concluent à l'innocuité de ces vaccins qui n'entraînent pas d'augmentation des maladies auto-immunes », fait-il remarquer. « Jusqu'à présent, les opposants au vaccin pointaient l'absence de publication relatant une efficacité de la vaccination sur le cancer du col de l'utérus alors que de nombreuses études faisaient état d'une efficacité contre les lésions précancéreuses et les condylomes. En décembre 2017 a été publié dans l'International Journal of Cancer le premier article démontrant dans une population de femmes jeunes une efficacité de la vaccination au niveau des lésions cancéreuses du col utérin sur la base du registre des cancers finlandais », relate le Pr Descamps. « On commence par ailleurs à voir apparaître des publications sur les cancers ORL (amygdale, base de la langue) dans une population de femmes de 25 à 35 ans. Ce sont des cancers dont il est possible d'assurer la prévention en vaccinant contre le HPV, sans oublier des cancers du canal anal », ajoute-t-il.
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