456 millions d'euros d'économies ont été réalisés l'an passé par les médecins libéraux, soit 65 % des 700 millions d'euros fixés par l'assurance-maladie dans le cadre de la maîtrise médicalisée. Les objectifs n'ont pas été remplis pour la troisième année consécutive.
Le montant global économisé est le plus bas depuis 2008.
La caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) met pourtant en avant de « très bons » résultats sur les antibiotiques ou les hypolipémiants. Les atteintes des objectifs sont « bonnes » sur les antidiabétiques et les EPO », mais celles des AAP, ou des antidépresseurs sont « insuffisantes ».
En matière d'indemnités journalières (IJ) et de transports (tous prescripteurs libéraux et hospitaliers), les résultats sont très loin de ceux escomptés. Sur les 175 millions d'euros d'économies attendus sur ces deux postes, seuls 35 millions ont été réalisés, soit cinq fois moins.
Les IJ, « un phénomène de société »
La profession peine à endiguer l'envolée des IJ. Selon le Dr Claude Leicher, président de MG France, il s'agit avant tout d'un problème sociétal. « Les arrêts de travail se sont multipliés ces dernières années du fait de la dégradation des conditions de vie et de travail », indique-t-il.
Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes CSMF abonde et estime que « les délais d'accès à la médecine spécialisée de second recours sont une des causes du problème », en entraînant des arrêts de travail plus longs.
La profession rencontre parfois des difficultés à respecter les référentiels de durée des arrêts de travail. Selon le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de médecine générale (CMG), les médecins sont souvent confrontés aux pressions des patients. « Il faut changer les comportements de chacun, faire de l'éducation du patient dans la demande de soins », affirme-t-il.
Un système « hypocrite », selon MG France
Sur les prescriptions de transport, les syndicalistes rejettent également une quelconque responsabilité des prescripteurs. « La population vieillit, il y a plus de pathologies chroniques et une raréfaction des spécialistes en ville, forcément les bons de transports augmentent », résume le Dr Duquesnel.
La maîtrise médicalisée telle qu'elle a été mise en place dans la convention de 2005 a-t-elle encore un avenir ?
À MG France, on dénonce « l'hypocrisie » du système. « On nous dit qu'il n'y a pas assez d'économies sur les transports, mais en même temps on ferme les petites structures de proximité , peste Claude Leicher. La maîtrise médicalisée n'est qu'un habillage de la maîtrise comptable, il faut changer de modèle. »
Dans l'ensemble, la profession veut croire que les objectifs négociés avec les pouvoirs publics sont préférables à des décotes imposées dans le cadre d'une maîtrise comptable. Le Syndicat des médecins libéraux (SML) souligne que « l’engagement des médecins libéraux » a encore permis d'obtenir des économies conséquentes. Pour autant, il observe que « les efforts demandés aux médecins libéraux deviennent de plus en plus lourds et difficiles à concrétiser ».
« La maîtrise médicalisée a l'avantage d'exister et montre encore son efficacité, notamment sur le médicament, même si le système a des limites et demeure perfectible », juge pour sa part Luc Duquesnel.
Le Collège de médecine générale, qui fédère les syndicats représentatifs, les sociétés savantes et des associations de formation continue de la spécialité, poursuit la réflexion. Elle planche avec l'assurance-maladie sur certains postes, comme les arrêts de travail pour lombalgie.
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